Le Maroc et la France veulent favoriser l'émergence des PME

Ce jeudi, Saad Eddine El Othmani et Edouard Philippe ont ouvert à Skhrirat le Forum économique Maroc-France sous l'égide de la CGEM et du MEDEF, saluant le "lien économique exceptionnel" des deux pays, mais soulignant la faiblesse du tissu des PME et entreprises de taille intermédiaire (ETI).

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Forum économique Maroc France le 16 novembre à Skhrirat

Devant un parterre de 400 patrons marocains et français, le Premier ministre français Edouard Philippe a misé sur la fibre littéraire de son auditoire en citant l’écrivain français J.M.G. Le Clézio: « c’est seulement ce qu’on veut dire tout à fait à l’intérieur, comme un secret, comme une prière, c’est seulement ces mots-là qui comptent ». Les mots qui comptent pour lui sont « de dire simplement et clairement combien nos deux pays sont amis, combien le lien qui unit le Maroc et France est exceptionnel ».

En clin d’oeil au parti du président français Emmanuel Macron, Saad Eddine El Othmani a considéré que le Maroc est « en marche pour s’assurer une place parmi les nations avancées, parmi lesquelles la France« . Le chef du gouvernement marocain a notamment insisté sur « l’importance de travailler avec le Maroc et de le considérer comme un partenaire qui donne accès à des opportunités d’investissement conséquentes pour investir dans le continent africain ».

Une vision partagée par Edouard Philippe qui a déclaré: « le Maroc a trouvé sa place dans l’économie mondialisée et il s’affirme aujourd’hui comme un pays de stabilité et de sérénité« . Le Premier ministre français a par ailleurs rendu « hommage à la volonté réformatrice du roi Mohammed VI dont l’action est guidée par une indiscutable ambition de répondre aux enjeux de développement humain. Je ne doute pas que cette volonté trouvera à se déployer pleinement dans le processus de régionalisation avancée« .

La présidente de la CGEM, Miriem Bensalah Chaqroun a également salué avec emphase les relations économiques France-Maroc: « A ceux qui disent que tout va bien entre le Maroc et la France, je réponds avec conviction: oui, oui et oui. Et c’est parce que nous voudrions parfaire cette relation que je rajouterai que l’on peut toujours faire mieux, mieux et plus ».

Les points positifs de la relation économique entre les deux pays ont d’ailleurs été longuement illustrés en chiffres. On a ainsi rappelé que près de 900 entreprises françaises sont implantées dans le Royaume et emploient près de 100.000 personnes, 800 filiales d’entreprises françaises ou de sociétés à capitaux français opèrent au Maroc, 38 entreprises du CAC 40 sont présentes au Maroc. De plus, la France est le premier investisseur étranger direct au Maroc sur les 15 dernières années, et le deuxième partenaire commercial du Maroc. Toutefois, le Premier ministre n’a pas manqué d’apporter des nuances importantes à la carte postale.

« S’ouvrir aux PME et ETI qui ne trouvent pas suffisamment leur compte »

« Les parts de marché françaises s’érodent au Maroc, nous devons donc nous poser les bonnes questions pour remédier à cette situation« , a alerté Edouard Philippe, s’adressant au patronat. « Vous, les entrepreneurs, êtes les mieux placés pour apporter ces réponses. Je me tourne vers vous pour que nous puissions ensemble remédier à cette situation, d’abord en se tournant vers les PME et ETI. Nous devons passer à une nouvelle étape, favoriser l’émergence de nouveaux acteurs pour faire en sorte que l’intensité de cette relation puisse s’ouvrir à ceux qui n’y trouvent pas suffisamment leur compte« , a-t-il souligné. 

Saluant la présence des grands groupes comme Renault, Safran, PSA, ou Alstom, qui contribuent à la réalisation de grandes infrastructures marocaines telles que le port de Tanger Med ou la LGV, le Premier ministre français a exhorté ces géants industriels à « faire venir dans leur sillage leurs fournisseurs, pour qu’ils se développent à l’international et profitent de l’élan de ceux qui ont plus l’habitude et l’agilité en matière de commerce international ».

Encourageant « les investisseurs marocains à choisir la France« , Edouard Philippe a annoncé le doublement des prêts de l’Agence française de développement, qui est le premier bailleur de fonds européen au Maroc. Ils seront désormais portés à 400 millions d’euros par an.

« Le Maroc et la France ont une responsabilité partagée en Afrique »

À l’instar de Saad Eddine El Othmani, Edouard Philippe a insisté sur le rôle du Maroc comme un pont entre l’Afrique et la France. « Il nous faut adopter une vision d’ensemble pour l’Afrique. La France et le Maroc ont une responsabilité partagée en Afrique », a-t-il considéré, rappelant que 2017 a été l’année charnière pour la politique marocaine sur le continent, avec le retour à l’Union africaine et l’adhésion prévue en décembre à la CEDEAO.

« Je crois beaucoup à la capacité des entreprises françaises à conquérir des marchés en Afrique à partir de l’économie marocaine, et à l’accompagnement en termes de services financiers, juridiques et commerciaux. Nous devons faire converger nos complémentarités, ce qui nous permettra de mieux défendre nos intérêts collectifs sur le continent africain« .

Le Forum économique Maroc-France se penchera principalement sur trois thématiques, choisies d’un commun accord entre la CGEM et le MEDEF: urbanisation & développement durable, l’agro-industrie et la révolution digitale.

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