Mohammed VI : « Les terroristes qui agissent au nom de l’Islam ne sont pas des musulmans »

A l’occasion de son discours prononcé lors du 63e anniversaire de la révolution du roi et du peuple, Mohammed VI a évoqué les récents attentats terroristes, le rôle du Maroc en Afrique et la politique migratoire du royaume.

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C’est un discours résolument positif qui a été prononcé ce 20 août par le roi Mohammed VI à l’occasion du 63e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple. Une allocution durant laquelle le souverain a usé de son statut de Commandeur des croyants pour condamner les différents actes terroristes ayant été commis à travers la planète.  Des condamnations qui s’adressent directement aux auteurs de ces attentats qui « ne sont pas des musulmans » selon Mohammed VI. Pour le roi, les entités « qui incitent au meurtre et à l’agression, qui excommunient indûment les gens »  sont dans « la vraie mécréance ».

Un appel à la cohabitation

Ce discours du 20 août a aussi été une occasion pour le souverain de rappeler la définition du jihad, énoncée dans une fatwa prononcée par le Conseil supérieur des oulémas au lendemain des attentats de Paris, le 14 novembre 2015. « Le Jihad est soumis à des conditions rigoureuses, entre autres qu’il n’est envisageable que par nécessité d’autodéfense, et non pour commettre un meurtre ou une agression, car attenter à la vie au nom du Jihad est un acte illicite » a déclaré Mohammed VI. Ce dernier a également condamné des actes terroristes bien précis comme « l’assassinat d’un prêtre […] dans l’enceinte d’une église » en référence au meurtre de Saint-Etienne-du-Rouvray en France.

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L’allocution royale a également permis au souverain d’afficher son soutien aux Marocains résidant à l’étranger qu’il appelle à « à s’armer de patience [et] à s’unir »  suite aux actes ayant mené « à  la perversion de l’image de l’Islam ». Le roi a également a rappelé la notion de vivre ensemble en invitant « les musulmans, chrétiens et juifs » à « dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme ». Pour Mohammed VI cet objectif est réalisable puisque «la civilisation humaine abonde en modèles de réussite qui confirment que l’interaction et la coexistence interreligieuses génèrent des sociétés civilisées ouvertes, où règnent affection et concorde, bien-être et prospérité » comme en témoignent « les civilisations islamiques, notamment celles de Bagdad et d’Al-Andalous».

 Amour de l’Afrique

Le souverain est également revenu sur la récente actualité diplomatique du royaume en évoquant l’intention du Maroc de réintégrer de l’Union africaine 32 ans après son départ. Dans une allocution où la seule évocation du voisin algérien, hostile à l’intégrité territoriale,  était la lutte anticoloniale des deux pays, le souverain a défendu l’action marocaine en Afrique. Pour le roi, l’Afrique « n’est pas un objectif ; c’est plutôt une vocation au service du citoyen africain, où qu’il soit ». Une vocation qui selon Mohammed VI se reflète dans le fait que « le Maroc ne se limite pas à exporter des médicaments, mais il tient à construire des laboratoires pharmaceutiques, et bâtir des établissements et autres centres de santé ». Mieux, le royaume « réalise des infrastructures et des centres de formation professionnelle et technique, ainsi que des projets générateurs d’emplois et de revenus stables ».

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Le Maroc érigé en modèle de politique migratoire

Cette relation avec l’Afrique doit également se refléter, selon le souverain, dans les relations avec les migrants qui en sont issus sachant que  « le Maroc compte parmi les premiers pays du Sud à avoir adopté une politique solidaire authentique ».  Le souverain estime que cette politique d’accueil est mise en œuvre « sans condescendance, ni arrogance, ni dénigrement ni discrimination » d’autant que les Marocains sont connus « pour l’accueil réservé […] à leur hôte ».

Tout en annonçant que le Maroc coprésidera « avec l’Allemagne le Forum mondial pour la migration et le développement, en 2017 et 2018 »,  Mohammed VI s’est également montré critique envers d’autres politiques migratoires en déplorant  « les dérives qui ont marqué la gestion des questions de la migration au niveau de l’espace méditerranéen, faisant l’impasse sur toute politique réelle d’insertion des immigrés ».

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