Le téléphone de Abdellatif Hammouchi sonne à 5 heures du matin. Au bout du fil, un haut dignitaire français. “Vous avez sauvé la France, le renseignement que vous nous avez donné s’est avéré déterminant”, dit-il à celui qui dirige le contre-espionnage marocain depuis 2005. Le ton aurait pu paraître cérémonieux si l’enjeu ne le rendait pas à propos. “Les attentats de Paris étaient géographiquement en France, mais nous avons travaillé comme si c’était chez nous. Nous n’avons pas dormi, et la fierté ressentie quand on épargne un bain de sang n’a pas d’égal”, nous confie une source sécuritaire mobilisée lors de l’enquête sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Le “bain de sang” était prévu entre les 18 et 19 novembre de la même année, au quartier de la Défense. Abdelhamid Abaaoud voulait se faire exploser au centre…