Premier jour de ramadan à Gaza, sous les bombardements israéliens

Le ramadan a commencé lundi dans la bande de Gaza assiégée et dévastée, sans aucune trêve en vue dans la guerre entre Israël et le Hamas, pendant que la population frappée par la famine attend désespérément de l’aide.

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Des enfants à Rafah, ville palestinienne dans le Sud de la bande de Gaza, à la frontière égyptienne, en février 2024. Crédit: UNRWA / X

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à “faire taire les armes” à Gaza et à libérer les otages qui y sont retenus depuis le début de la guerre le 7 octobre, “pour faire honneur à l’esprit du ramadan”.

Alors que le monde musulman entre dans le mois sacré du jeûne, de nombreux habitants du territoire palestinien ont été réveillés par des frappes israéliennes qui ont visé notamment les villes de Gaza, dans le nord, Khan Younès et Rafah, dans le sud.

Le début du ramadan est couvert de ténèbres, avec le goût du sang et la puanteur partout”, a témoigné à l’AFP Awni al-Kayyal, un homme de 50 ans déplacé à Rafah.

“Le début du ramadan est couvert de ténèbres, avec le goût du sang et la puanteur partout”

Awni al-Kayyal, déplacé à Rafah

Je me suis réveillé dans ma tente et j’ai commencé à pleurer sur notre sort. Soudain, j’ai entendu des explosions et des bombardements”, a-t-il raconté. “L’occupation (israélienne) ne veut pas que nous ayons des moments de joie pour le ramadan. Nous n’avons pas de nourriture sur la table du dîner” pour la rupture du jeûne lundi soir, a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, un navire de l’ONG espagnole Open Arms chargé de 200 tonnes de vivres est prêt à quitter Chypre, le pays de l’UE le plus proche de Gaza, pour le territoire palestinien, dans le cadre d’un couloir maritime que l’Union européenne veut mettre en place. Le navire attend le feu vert des autorités chypriotes pour appareiller du port de Larnaca, sur la Méditerranée, distant d’environ 370 kilomètres de la bande de Gaza.

Dimanche, des habitants se sont rendus sur la plage dans le sud de la ville de Gaza dans l’espoir de le voir arriver. “Ils ont dit qu’un bateau chargé d’aide allait arriver et que les gens pourraient manger”, a raconté à l’AFP l’un d’eux, Mohammed Abou Baïd. “Dieu seul sait. Nous ne le croirons pas tant que nous ne l’aurons pas vu”, a-t-il ajouté.

Un navire militaire américain a parallèlement quitté les États-Unis avec le matériel nécessaire à la construction d’une jetée servant à débarquer les cargaisons d’aide, qui pourrait prendre jusqu’à 60 jours.

Mais l’ONU, qui redoute une famine généralisée dans le territoire de 2,4 millions d’habitants, assiégé par Israël depuis le 9 octobre, affirme que l’envoi d’aide par mer et les parachutages organisés quotidiennement par plusieurs pays ne peuvent se substituer à la voie terrestre.

Une aide au compte-gouttes

L’aide internationale, contrôlée par Israël, n’entre qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza où les besoins sont immenses. Cette aide arrive principalement depuis l’Égypte par Rafah, une ville collée contre la frontière égyptienne, où sont massées, selon l’ONU, près d’un million et demi de personnes.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a réaffirmé dimanche, en réponse à des critiques américaines, son intention de mener une offensive terrestre sur cette ville, afin de vaincre définitivement le Hamas et libérer les otages. “Nous irons là-bas. Nous ne les abandonnerons pas. Vous savez, j’ai une ligne rouge (…) Que le 7 octobre ne se reproduise pas. Jamais plus”, a-t-il dit dans une interview au journal Politico, assurant avoir le soutien d’une “majorité écrasante d’Israéliens” dans sa guerre contre le Hamas.

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La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a fait au moins 1160 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.

En représailles, Israël a promis d’anéantir le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.

Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 31.112 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui a dénombré lundi 67 morts en 24 heures. Parmi eux se trouvaient quatre membres d’une même famille tués par une frappe sur leur maison pendant les prières de l’aube à Rafah, selon le ministère.

En dépit de nouvelles discussions début mars au Caire, les États-Unis, le Qatar et l’Égypte, les trois pays médiateurs, ne sont pas parvenus à arracher un accord sur une trêve.

Le Hamas réclame notamment un cessez-le-feu définitif et un retrait des troupes israéliennes avant tout accord sur une libération des otages. Israël exige que le Hamas fournisse une liste précise des otages encore vivants, mais le mouvement palestinien a dit ignorer qui était “vivant ou mort” parmi eux. Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 31 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.

Le climat extrêmement tendu généré par la guerre à Gaza fait redouter des violences notamment à Jérusalem-Est, où se trouve l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam où se réunissent des dizaines de milliers de fidèles musulmans chaque soir pendant le ramadan.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a assuré lundi qu’Israël respecterait la liberté de culte dans la mosquée al-Aqsa et les autres lieux saints, mais a aussi averti que le pays était “prêt” à répondre à tout débordement. “Nous disons à tous : ne nous cherchez pas. Nous sommes prêts, ne commettez pas d’erreur”, a-t-il dit.

Le président américain, Joe Biden, a transmis un message de solidarité pour le ramadan, durant lequel “la souffrance du peuple palestinien sera au premier plan pour beaucoup. Elle l’est pour moi”, a-t-il affirmé.

En tant que gardien de deux des lieux saints de l’islam, le roi Salmane d’Arabie saoudite a exhorté la communauté internationale à garantir “la mise en place de couloirs humanitaires et d’aide sûrs”.