Pisa 2022 : les résultats alarmants de l’école publique marocaine

À l’issue de sa deuxième participation au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa 2022), le Maroc enregistre une nouvelle baisse de résultats. L’enquête menée par l’OCDE révèle que le niveau des élèves des écoles publiques peine à s’améliorer et vient confirmer les préoccupations au sujet de l’éducation nationale.

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La rentrée scolaire 2023-2024 à Rabat. Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

La réforme de l’éducation semble tomber à pic… Au classement Pisa, le Maroc fait partie des pays les moins performants : sur 81 pays, les 6867 élèves de l’école publique ayant participé à l’enquête arrivent à la 71e place en culture mathématique, 79e en compréhension de l’écrit et 76e en culture scientifique.

Selon l’enquête, les résultats des élèves marocains des écoles publiques se situent largement en deçà de la moyenne de l’OCDE, marquant une nette dégradation par rapport à l’édition précédente menée en 2018.

En témoignent les chiffres dévoilés dans les trois domaines d’étude : 365 points en culture mathématique (contre 368 points en 2018), 365 points en culture scientifique (contre 377 points en 2018) et 339 points en compréhension de l’écrit (contre les 359 points enregistrés en 2018). L’enquête indique également que 68,5 % des élèves marocains participants sont peu performants dans les trois domaines.

Au-delà des compétences, voire des connaissances des élèves marocains, le classement Pisa s’est également intéressé aux conditions dans lesquelles ces élèves sont censés étudier, notamment durant la période Covid.

53,7 % des élèves marocains ont indiqué que leur établissement a fermé durant moins de 3 mois, en raison de la pandémie, 57 % ont affirmé être capables ou tout à fait capables de se motiver à l’idée de s’atteler à leur travail scolaire, 48,1 % sont d’accord avec la promptitude de leurs professeurs à les aider en cas de besoin et 61,2 % ont indiqué n’avoir jamais eu ou presque de difficultés à trouver quelqu’un susceptible de les aider dans leur travail scolaire. En revanche, seuls 18,4 % des élèves ont indiqué être interrogés tous les jours ou presque sur leur état d’esprit par une personne de leur établissement.

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L’enquête de l’OCDE s’est également intéressée aux établissements fréquentés par les élèves marocains et à la perception des chefs d’établissement au sujet des freins vis-à-vis de la capacité d’enseigner. 56 % des interrogés indiquent fréquenter des établissements où le manque de professeurs fait défaut, 44,3 % d’entre eux affirment fréquenter des établissements où les enseignants sont vus comme inadéquats ou peu qualifiés, 77,6 % indiquent fréquenter des établissements affectés par le manque de ressources numériques et 74,7 % disent fréquenter des établissements où l’enseignement est affecté par des ressources numériques inadéquates ou de mauvaise qualité.

80,7 % des élèves marocains interrogés ont aussi indiqué fréquenter des écoles où il est interdit d’utiliser un téléphone portable et 48,1 % d’entre eux ont fait savoir que le tutorat mutuel existe dans leurs écoles.

Ces résultats, pour le moins accablants, viennent confirmer les diagnostics de l’État dont l’un des chantiers majeurs est celui de la réforme de l’éducation, visant à revoir le niveau de l’éducation publique marocaine. Dans ce sens, depuis la rentrée des classes en septembre 2023, les écoles pionnières qui accueillent 320.000 élèves sont une sorte de laboratoire dans lequel sont expérimentées les nouvelles méthodes d’éducation, conformément au contenu de la nouvelle feuille de route du ministère. Le paradigme d’apprentissage des enfants y a d’ailleurs été intégralement revu, appuyé par la science et la recherche, avec une évaluation individuelle et contrôlée par des partenaires externes.

Grâce à la mobilisation des enseignants et des équipes pédagogiques au sein des écoles pionnières, les premières évaluations du niveau des élèves révèlent que la majorité d’entre eux affichent une amélioration sensible des taux de maîtrise dans les compétences évaluées, allant jusqu’à un gain représentant l’équivalent de 2 années scolaires.