Niger : troisième jour de séquestration du président Bazoum renversé par un putsch

Le président nigérien Mohamed Bazoum a entamé vendredi sa troisième journée de séquestration par des militaires putschistes à Niamey, après un coup d'Etat que la France a jugé "dangereux" pour la région.

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Le président du Niger, Mohamed Bazoum. Crédit: X

Le président renversé est retenu depuis mercredi matin au palais présidentiel, dans sa résidence privée située à l’intérieur du camp militaire de la Garde présidentielle, dont les commandants figurent parmi les putschistes.

Un habitant du quartier a affirmé vendredi à l’AFP « avoir entendu des tirs, il y a environ une heure (vers 08H00 GMT, Ndlr), vers le camp de la Garde présidentielle« , précisant qu’il avaient « cessé » depuis.

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M. Bazoum, séquestré avec sa famille, est en bonne santé et a pu s’entretenir au téléphone avec d’autres chefs d’Etat, parmi lesquels le président français Emmanuel Macron qui a condamné vendredi « avec la plus grande fermeté » le putsch l’ayant renversé et exigé sa libération.

« Ce coup d’État est parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région« , a-t-il déclaré depuis la Papouasie Nouvelle-Guinée où il se trouve en visite.

Jusqu’à cette déclaration, la France ne considérait pas comme « définitive » la « tentative » de coup d’Etat au Niger.

Mais sur le terrain, l’armée nigérienne a apporté jeudi son soutien aux militaires putschistes qui ont accusé la France, dont 1.500 soldats sont au Niger, d’avoir enfreint la fermeture des frontières en faisant atterrir un avion militaire à l’aéroport international de Niamey.

Ils ont appelé « une fois pour toutes au respect strict des dispositions » prises par la junte.

« Ce qui s’est passé au Niger, ce n’est rien d’autre que la lutte du peuple nigérien contre les colonisateurs qui essayent de lui imposer leurs règles de vie« , aurait affirmé M. Prigojine, selon un message diffusé jeudi soir par une organisation russe liée au groupe paramilitaire Wagner, dont l’authenticité n’a pu être confirmée.

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda, à connaître un coup d’Etat depuis 2020.

Le Mali et le Burkina Faso se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol.

Sur le terrain, les militaires putschistes ont annoncé « la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités des partis politiques » et appelé « la population au calme » après des incidents lors d’une manifestation jeudi à Niamey organisée pour les soutenir, pendant laquelle des drapeaux russes flottaient et des slogans anti-français étaient scandés.

Des jeunes ont pillé l’immeuble du siège du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), à quelques kilomètres du rassemblement, et mis le feu à des voitures garées sur le parking.

En dépit de l’interdiction décrétée par les militaires, une nouvelle manifestation est prévue vendredi à l’appel d’une coalition de partis d’opposition au président Bazoum, qui « tout en désapprouvant tout changement par la force, soutient les motivations » des putschistes, selon un communiqué.

Les militaires putschistes ont annoncé mercredi soir à la télévision nationale avoir renversé Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021, à la suite de « la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale« .

La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de 22H00 à 05H00 (21H00 à 04H00 GMT).

Le putsch a été vivement condamné par les partenaires occidentaux du Niger et l’ONU.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a notamment dit avoir « clairement » assuré à M. Bazoum le soutien des Etats-Unis, qui comptent environ 1.100 soldats dans le pays.

La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a elle exigé « la libération immédiate du président Mohamed Bazoum qui reste le président légitime et légal du Niger reconnu par la Cédéao« .

Selon la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, la Cédéao « va tenir une réunion au sommet vraisemblablement dimanche » où « d’éventuelles sanctions pourraient être décidées« , que la France soutiendra.

Partenaire privilégié de la France dans le Sahel, l’histoire du Niger est jalonnée de coups d’Etat depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960.