La Russie avertit des “risques” en mer Noire après la fin de l’accord céréalier

La Russie a mis en garde l'Ukraine mardi contre ses velléités de poursuivre les exportations de céréales par la mer Noire, prévenant qu'il n'y avait plus de “garanties de sécurité” après l'expiration d'un accord qui permettait de les transporter malgré la guerre.

Par

Le Razoni, transportant 26.000 tonnes de maïs, quitte le port d'Odessa, le 1er août 2022. Crédit: Oleksandr Gimanov / AFP

En l’absence de garanties de sécurité appropriées, certains risques” se sont fait jour, a averti le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant que “si quelque chose doit être élaboré sans la Russie, ces risques doivent être pris en compte”.

Il répondait à une question sur la volonté exprimée par l’Ukraine de continuer à exporter ses céréales par la mer Noire, avec ou sans l’accord de Moscou sur la sécurité des navires.

En écho, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré à son homologue turc, Hakan Fidan, que la fin de l’accord signifiait “le retrait des garanties de sécurité de la navigation” faisant du nord-ouest de la mer Noire, par où les cargos circulent, une “zone provisoirement dangereuse”.

“Les ministres ont envisagé d’autres options pour fournir des céréales aux pays les plus nécessiteux”, a souligné la diplomatie russe dans un communiqué.

Lundi la Russie a signifié son refus de maintenir l’accord céréalier signé en juillet 2022 sous l’égide des Nations unies et de la Turquie, et prolongé depuis à plusieurs reprises, dénonçant les entraves au commerce des engrais et des autres produits russes. Le lendemain, Dimitri Peskov a également accusé l’Ukraine d’utiliser le couloir maritime ouvert dans le cadre de l’accord “à des fins militaires”, après que Kiev a frappé la veille le pont stratégique reliant le territoire russe à la péninsule ukrainienne annexée de Crimée.

En représailles, le ministère russe de la Défense a affirmé mardi avoir détruit par une vague de missiles “les installations où des actes terroristes contre la Russie étaient préparés”, ainsi que le lieu où sont fabriqués des drones navals.

à lire aussi

Odessa et sa région abritent les trois ports par lesquels l’Ukraine pouvait, dans le cadre de l’Initiative céréalière de la mer Noire, exporter ses produits agricoles malgré la guerre et le blocus imposé par les Russes.

En un an, l’accord a permis de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, essentiellement du maïs et du blé, contribuant à stabiliser les prix alimentaires mondiaux et à écarter les risques de pénurie.

“Même sans la Russie, tout doit être fait pour que nous puissions utiliser ce couloir (pour les exportations) en mer Noire. Nous n’avons pas peur”, a affirmé lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le refus de Moscou de prolonger cet accord a été dénoncé par plusieurs chefs d’État occidentaux et par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, selon lequel “des centaines de millions de personnes font face à la faim” et vont en “payer le prix”.

Pour l’heure, la Russie oppose une fin de non-recevoir aux appels à la reconduction de l’accord et Sergueï Lavrov a averti Hakan Fidan du démantèlement du centre de coordination ouvert à Istanbul dans ce cadre.