Suite à la diffusion d’une interview du chef d’AQMI, le Burkina Faso suspend France 24 sur son territoire

Quelques mois après avoir suspendu la radio RFI, les autorités de transition au Burkina Faso ont ordonné lundi la suspension “sine die” de la diffusion de France 24 sur son territoire, après une interview sur la chaîne d’informations du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

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Compte tenu de son “hostilité manifeste et répétée”, France 24 est interdite en Algérie depuis juin 2021. Crédit: Alexander Klein / AFP

En ouvrant ses antennes au premier responsable d’AQMI, France 24 ne fait pas seulement office d’agence de communication pour ces terroristes, pire, il offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine véhiculés pour assouvir les visées maléfiques de cette organisation sur le Burkina Faso”, précise un communiqué signé du porte-parole du gouvernement burkinabé, Jean-Emmanuel Ouédraogo.

Le gouvernement a donc décidé, en toute responsabilité et au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, de la suspension sine die de la diffusion des programmes de France 24 sur l’ensemble du territoire national”, ajoute le communiqué.

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Le 6 mars dernier, France 24 avait diffusé des réponses écrites d’Abou Obeida Youssef al-Annabi, le chef d’AQMI, à une quinzaine de questions posées par le journaliste de la chaîne française et spécialiste des questions jihadistes Wassim Nasr.

Dans son communiqué, le gouvernement burkinabé note qu’il “se désole de voir que le chef d’une organisation terroriste comme AQMI et reconnue comme telle par l’ensemble de la communauté internationale puisse bénéficier des largesses éditoriales de France 24 pour s’exprimer longuement sur les antennes de la chaîne”.

Début décembre, les autorités burkinabées avaient déjà suspendu la diffusion de Radio France Internationale (RFI), du même groupe que France 24, France Médias Monde. RFI était notamment accusée d’avoir relayé “un message d’intimidation” attribué à un “chef terroriste”.

Par ailleurs, des divergences ont amené le gouvernement burkinabé a demandé les départs de l’ex-ambassadeur de France Luc Hallade et de l’ex-représentante du Système des Nations unies, Barbara Manzi.

Depuis 2015, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes terroristes liés à l’État islamique et à Al-Qaïda, qui ont fait en tout 10.000 morts, dont des civils et des militaires,  selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.

(avec MAP)