HealthTech : le programme i3 veut promouvoir la santé digitale pour la souveraineté sanitaire en Afrique

Levant le voile sur les failles des infrastructures de santé et des chaînes d’approvisionnement en Afrique, la pandémie du Covid a mis en avant l’urgence pour le continent de bâtir sa souveraineté sanitaire. Pour ce faire, le programme i3 vise à promouvoir la HealthTech auprès des acteurs et décideurs du secteur.

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Southbridge lance le programme panafricain i3 pour le développement et la mise en place de la souveraineté sanitaire en Afrique. Crédit: DR

Financé par la Fondation Bill & Melinda Gates, et parrainé entre autres par Merck Sharp & Dohme (MSD) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le programme i3 (Investing in Innovation in Africa) a vu le jour suite à un rapport de Salient et Southbridge A&I qui a permis d’identifier les failles du secteur de la HealthTech. Elles sont essentiellement liées aux moyens financiers, aux liens avec les décideurs, et à l’accompagnement des entreprises de l’écosystème sanitaire.

Sollicité par TelQuel, Jean-Baptiste Kouatche, senior consultant chez Southbridge et docteur en pharmacie, explique qu’il s’agit d’un programme panafricain, inédit qui vise principalement à améliorer les indicateurs de santé publique en soutenant 30 startups avec une subvention systématique de 50 000 dollars, mais aussi en les préparant à recevoir des investissements en plus de mettre en relation ces différentes startups avec des bailleurs de fonds, ainsi qu’avec des institutions locales et internationales et des acteurs de l’industrie.

Pour l’heure, le versement des subventions aux différentes startups est en cours.

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Une publication de Southbridge indique qu’il ne s’agit pas « exclusivement de lever des fonds ni d’un programme d’accélération classique de ces startups mais surtout de mettre en avant des solutions existantes ayant un impact concret », notamment sur les indicateurs de santé publique à l’échelle continentale. La même publication précise que malgré le caractère international du financement du programme, il reste résolument ancré dans le continent africain.

Selon Jean-Baptiste Kouatche, le programme s’articule autour de trois niveaux : tout d’abord, le « Steering Commitee » composé de la Fondation Gates et des différents sponsors du programme, chargé de prendre les décisions. Ensuite, Southbridge et Salient, coordonnent, entre les startups, les accélérateurs, ainsi que le comité chargé de prendre les décisions. Et enfin des startups révélées par le programme et suivies par 4 accélérateurs continentaux de référence (dont Impact Lab pour la l’Afrique du Nord et francophone).

Assurer la souveraineté sanitaire à travers la HealthTech

Southbridge compte accélérer la mise en place de la souveraineté sanitaire africaine par la mise en relation des décideurs et des acteurs institutionnels, qui se fera soit à travers du matchmaking, soit par la mise en relation des startups avec les investisseurs, mais aussi avec les décideurs, à partir des besoins de chacune des startups.

Jean-Baptiste Kouatche assure, dans ce sens, que Southbridge mettra à profit le « réseau du programme pour que les startups atteignent les décideurs et les acteurs institutionnels ».

Il annonce ainsi l’organisation d’un événement phare, qui permettra de concrétiser la mise en relation des différents acteurs du secteur : Access to Market event, qui aura lieu en décembre à Lagos et où seront invités startups et décideurs, afin de matérialiser les échanges entre sponsors, partenaires et bénéficiaires du programme.

Quelles ambitions pour le programme i3 ?

Le docteur indique que « l’ambition est d’améliorer l’accessibilité, la visibilité et la disponibilité de tous les produits médicaux, que ce soit en zone urbaine ou au niveau des zones rurales ». A horizon de 12 à 24 mois, le programme ambitionne, entre autres, de toucher une population plus large, de réduire les coûts logistiques… A la fin de chaque cohorte, les entreprises pourront présenter leurs projets devant des investisseurs pour lever des fonds et permettre aux startups de croître et de se développer plus rapidement.

A travers certains critères de sélection, le programme avait également pour objectif d’inclure certains innovateurs, « qui n’avaient pas l’habitude d’être soutenus », notamment les entreprises dirigées par des femmes en Afrique.

Si l’ambition dans l’absolu est d’améliorer l’accessibilité, la visibilité et la disponibilité des produits médicaux à toutes les zones du continent, l’objectif du programme, sur le long terme, est d’améliorer les indicateurs de santé publique et d’accessibilité aux produits de santé en Afrique.

Sobrus, DeepEcho et Medevice : trois startups marocaines révélées par le programme

Les trois startups, misant respectivement sur des solutions cloud, des plateformes numériques, et l’intelligence artificielle pour développer des dispositifs médicaux et d’approvisionnement, représentent 10 % des entreprises sélectionnées par i3, et introduisent le Maroc dans le cercle très fermé des pays africains où la santé digitale est déjà ancrée dans les écosystèmes locaux.

Spécialisée dans les solutions cloud, Sobrus connecte les pharmacies aux grossistes à travers une plateforme numérique permettant la réception, le suivi, ainsi que la gestion des commandes. Cette startup devrait, selon Jean-Baptiste Kouatche, profiter d’une plus grande visibilité, et avoir un impact plus important, sachant qu’elle « dispose déjà du savoir-faire », affirme le docteur.

Pour DeepEcho, il s’agit de réduire, à l’aide de l’intelligence artificielle, les taux de mortalité infantile et maternelle, « ce qui est un sujet dans lequel Southbridge est très impliqué » indique Jean-Baptiste Kouatche.

Enfin, Medevice, développée par la Fondation MAScIR (Moroccan Foundation for Advanced Science, Innovation and Research), a développé trois dispositifs médicaux qui soutiennent et améliorent les diagnostics effectués par les praticiens que ce soit pour le suivi des signes vitaux, l’analyse des résultats Covid-19 ou encore l’interprétation des résultats des tests de tuberculose à l’œil nu.

Pour ces trois startups, « le manque est surtout lié à la difficulté à entrer en contact avec les grands donneurs d’ordres, mais aussi à la visibilité, et à la communication », indique le docteur, qui précise que l’accompagnement du programme concernera essentiellement ces points, rappelant qu’elles disposent déjà des compétences et du savoir-faire nécessaire.