Hassan Iquioussen, premier d’une “longue liste” d’imams à expulser préparée par Darmanin

Les autorités françaises ont fait part de leur volonté de combattre le “séparatisme” sur le territoire, et l’imam Hassan Iquioussen, menacé d'expulsion au Maroc, en est le premier symbole.

Par

L'imam Hassan Iquioussen en avril 2022. Crédit: DR

Dans une interview accordée à BFMTV, en direct du siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), “l’hyperactif ministre de l’Intérieur”, Gérald Darmanin, comme le qualifie Mediapart, l’affirme : “Est-ce qu’il y a d’autres imams Iquioussen? (…) La réponse est oui.” 

Le ministre a également déclaré que ses services étaient en train de rédiger une “liste” de “prédicateurs”, “de présidents ou agitateurs d’associations”, qui pourraient subir le même sort.

“734 étrangers radicalisés” expulsés sous Macron

Revenant sur la décision d’expulsion validée par le Conseil d’État, Darmanin s’est réjoui de “l’arrêt du Conseil d’État qui permet de dire que quelqu’un qui a des enfants, qui est marié en France, qui est né en France, peut quand même — 58 ans après — être expulsé…” Pour le ministre, “ça permettra d’évoquer d’autres cas”.

Dans cette même interview, il rappelle que “734 étrangers radicalisés” ont été expulsés depuis l’élection d’Emmanuel Macron, dont “72 dans les sept derniers mois”.

Interrogé sur l’affaire Iquioussen, le ministre refuse d’indiquer le lieu où se trouverait l’imam, après avoir quitté la France. Contre le prédicateur, le Conseil d’État a retenu des “propos antisémites” ainsi que “son discours sur l’infériorité de la femme”, alors que ce dernier ne fait l’objet d’aucune condamnation judiciaire. Suite à la décision du Conseil d’État, Hassan Iquioussen a quitté la France, comme le demandaient les autorités, mais il est visé par un mandat d’arrêt européen.

à lire aussi

Sur le plateau de BFMTV, Lucie Simon, avocate de l’imam, dénonçait le vendredi 2 septembre une “chasse à l’homme” qui ne sert que la “politique spectacle” de Gérald Darmanin qui “ne veut pas qu’il (l’imam) obtempère, il veut qu’il le fasse sous les caméras”.

Sous prétexte de lutte contre le séparatisme, le ministre de l’Intérieur français omet un passé durant lequel il avait recours à des personnalités afin de séduire de nouvelles voix potentielles en vue d’élections municipales. Selon Mediapart, il avait notamment tenté de récupérer celles des musulmans du nord, s’entourant lors d’un dîner en 2014 de Hassan Iquioussen, mais aussi de Salim Achiba, personnalité influente des milieux associatifs de la région de Tourcoing (près de Lille).

Une révélation que Darmanin a d’abord niée en parlant de “fake news”, avant d’invoquer un problème de mémoire : “J’ai vu des milliers de personnes pendant ma campagne municipale”, a-t-ol déclaré sur BFMTV, admettant finalement : “C’est fort probable.”

“Si un rassemblement est tout de même prévu ce samedi à Paris contre l’expulsion d’Iquioussen et l’islamophobie d’État, la panique gagne plutôt, favorisée par l’assourdissant silence de figures tutélaires des Frères musulmans en France”, indique Mediapart.

Un des anciens bras droits d’Amar Lasfar, ancien patron de l’Union internationale des organismes familiaux (UIOF), devenue Musulmans de France, témoigne de la peur majoritairement partagée dans les milieux musulmans en France : “Si Darmanin peut s’attaquer à un homme avec lequel il a déjà dîné, imaginez ce qu’il peut faire à ceux qu’il n’a même jamais croisés de sa vie…”