Melilia : le ministère espagnol de l’Intérieur veut “rénover” le poste-frontière

Quelques semaines après le drame de Melilia, le ministère de l’Intérieur espagnol a montré, le 15 août, sa volonté de “rénover” le poste-frontière de Barrio Chino séparant l’enclave de la province de Nador.

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Un membre des forces de sécurité marocaines à la frontière séparant le Maroc de l'enclave espagnole de Melilia, le 26 juin 2022. Crédit: AFP

Des techniciens du ministère espagnol de l’Intérieur étudient une réforme du poste-frontière de Barrio Chino, hameau séparant Nador de l’enclave de Melilia, apprend-on du journal espagnol El Periódico de España (EPE).

“Le pire passage frontalier d’Europe”

Selon ce média, le gouvernement de Pedro Sánchez veut profiter de la “grande entente” qui marque les relations entre les deux pays actuellement, en vue d’entamer “l’une des dernières dispositions à prendre à la frontière avec le Maroc”, précisant que le royaume ibérique se chargera de la facture avec le soutien de fonds européens. Pour la police nationale espagnole, citée par EPE, Barrio Chino est le “pire passage frontalier d’Europe”.

Avant la fermeture des postes frontaliers entre le Maroc et l’enclave espagnole en 2018, ce passage (toujours fermé) était dédié au flux de contrebande à destination du territoire national, alors que le trafic régulier de passagers s’effectuait par le poste de Beni Ensar.

L’Espagne envisagerait l’installation, dans ce passage, de nouvelles technologies : “Le ministère de l’Intérieur souhaite que tous les points de passage de l’Espagne avec le Maroc soient équipés de deux systèmes de surveillance modernes dans les couloirs de sécurité : la reconnaissance faciale et l’enregistrement de données biométriques”, rapporte EPE.

Coopération sécuritaire

Autre option pour les Espagnols afin de renforcer la surveillance des frontières : la coopération sécuritaire maroco-espagnole. Jeudi 11 août, la DGST annonçait l’interpellation, à Tétouan, d’un extrémiste affilé à Daech, quelques jours après la neutralisation par la police espagnole de deux anciens combattants marocains d’Al Qaida de retour de Syrie, sur la base de renseignements fournis par la DGST marocaine.

La collaboration antiterroriste se trouve donc dans une situation idéale. “Durant la crise diplomatique, elle n’a pas été interrompue (la coopération sécuritaire, ndlr), seulement il n’y avait pas de photos”, explique à EPE une source du ministère espagnol de l’Intérieur.

Lorsque les éléments du BCIJ ont achevé la capture du djihadiste à Tétouan, le directeur général de la police nationale du royaume ibérique, Francisco Pardo Piqueras, venait de dire au revoir à son homologue marocain Abdellatif Hammouchi. Une visite officielle au Maroc, qui avait commencé 24 heures auparavant.

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Cette visite, largement relayée par la presse nationale mais peu commentée de l’autre côté du détroit, laisse prédire un renforcement cet automne de la “tenaille” anti-djihadiste de l’Espagne et du Maroc. “Mais il n’y a pas que le terrorisme : le crime organisé est tout aussi préoccupant”, conclut EPE, citant une source sécuritaire à Madrid.