Salon du Livre : Polémique autour de l'interdiction de "Chroniques homosexuelles"

Prévue pour ce dimanche, la signature de l'autobiographie de l'écrivaine Fatim Zahra Amezkar, connue pour son homosexualité, a été définitivement annulée du Salon du Livre. La décision a provoqué condamnation et indignation dans le milieu culturel.

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Affiche de la signature de "Chorniques homosexuelles" de Fatim Zahara Amezkar, initialement prévue pour le 5 juin 2022. Crédit: Dar Agora / Facebook

L’affaire mêle libertés individuelles et d’expression. Fatim Zahra Amezkar, connue pour son homosexualité, a été interdite de signer son autobiographie « Chroniques homosexuelles », lors de l’actuelle édition du Salon international de l’édition et du Livre (SIEL), organisé exceptionnellement cette année à Rabat.

Selon une source au sein du département de la Culture, contactée par nos confrères de TelQuel Arabi, l’ouvrage « n’est pas inscrit dans les listes du SIEL ». « Tous les exemplaires de ce livre ont été retirés du Salon, mais on a tenté de l’y introduire clandestinement », ajoute-t-elle.

Pour l’écrivaine Amezkar, cette décision « n’était pas si choquante », d’autant que « l’œuvre a été politisée, par un responsable partisan qui a menacé de poursuivre le ministre de la Culture en justice, à cause de mes écrits ».

Concernant la polémique sur les réseaux sociaux autour de cette autobiographie, l’écrivaine ne cache pas son indignation. « Si la décision du ministre a été prise en cédant aux pressions du Facebook, c’est une honte alors ».

« Cette décision m’a brisé le cœur. Lorsque j’écrivais mon livre, je m’imaginais au SIEL en train de signer des autographes. Je rêvais que les visiteurs le lisent. On a transformé mon rêve en cauchemar », a-t-elle exprimé à TelQuel Arabi.

De son côté, la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a critiqué l’interdiction de « Chroniques homosexuelles »« Le Conseil est clair sur les relations sexuelles hors mariage, quel que soit leur type » a-t-elle déclaré.

Et Amina Bouayach d’ajouter: « Tout le monde est conscient de l’existence de ces catégories et elles doivent faire l’objet de multiples écritures et expressions, pour que notre société s’accommode de ces changements en cours ».

« Par transformations, je ne désigne pas ce qui est social ou sexuel, mais les transformations qui ont rendu ces enjeux publics », a-t-elle tenu à préciser. À noter que la signature de ce livre controverse était prévue pour ce dimanche 5 juin à partir de 10h00.

 

(Cet article a été repris de TelQuel Arabi)