Lutte contre la corruption : les déclarations de Ouahbi dans le collimateur de Transparency Maroc

Le 19 avril, le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi faisait part, devant le Parlement, de son intention d’empêcher les associations de défense des deniers publics de porter plainte contre les élus. Une sortie fustigée par l’association de lutte contre la corruption Transparency Maroc.

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Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice. Crédit: MAP

Transparency Maroc a réagi, ce jeudi 26 mai, aux propos du ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi, qui souhaite introduire un amendement, dans le cadre de sa réforme du Code pénal, visant à interdire aux ONG de traduire en justice des élus soupçonnés de malversations et autres détournements.

Dans un communiqué, l’association de lutte contre la corruption a déclaré avoir accueilli “avec une grande surprise et inquiétude les déclarations faites par le ministre de la Justice”. Elle y voit également “un nouvel indicateur qui confirme l’absence de volonté politique du gouvernement pour lutter contre la corruption”.

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En décidant de confier la capacité de poursuivre les élus en justice au ressort exclusif du ministre de l’Intérieur, l’association estime que M. Ouahbi veut “initier un projet de loi qui empêcherait les organisations de la société civile de porter plainte contre des élus suspectés pour gaspillage et détournement des deniers publics”.

Une décision qui se rajouterait au retrait du projet de loi relatif au Code pénal, comprenant un article contre l’enrichissement illicite, suivi du retrait du projet de loi réglementant l’occupation temporaire du domaine public de l’État, déplore l’association.

Dans un contexte national “marqué par la corruption systémique généralisée et par le gel de la stratégie nationale de lutte contre la corruption”, l’association dénonce à cet égard l’ensemble des propos du ministre et “déplore toutes ces déclarations qui expriment l’indifférence du gouvernement face au problème de la lutte contre la corruption, voire l’encouragement de ses bénéficiaires”.

L’ONG évoque ainsi “une violation des principes stipulés dans la Constitution concernant le rôle de la société civile en matière de participation citoyenne et d’appui aux valeurs de la bonne gouvernance et de lutte contre la corruption et son rôle de suivi et d’évaluation des politiques publiques”.