Hamid Benazzou : “Le Grand Prix de S.M. le Roi Mohammed VI de tbourida incite les cavaliers à se dépasser pour honorer leur région”

La tbourida sera à nouveau mise à l’honneur à l’occasion du 15e Salon du cheval d’El Jadida. Dans cette interview, Hamid Benazzou, secrétaire général du Salon, revient sur le Grand Prix de S.M. le Roi Mohammed VI de tbourida, une compétition qui marie performance sportive et art équestre ancestral.

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Chaque sorba effectue trois passages, et une note sur 25 points est attribuée pour chaque passage. Crédit: YASSINE TOUMI/TELQUEL

La tbourida est souvent perçue comme l’un des événements les plus emblématiques du Salon du Cheval. Pouvez-vous nous expliquer l’importance de la tbourida dans le cadre de cette 15e édition?

Hamid BenazzouCrédit: DR

La tbourida est un art équestre ancestral, festif et populaire, faisant partie de l’identité culturelle nationale et constitue ainsi une forte expression de la joie collective. Elle est souvent pratiquée à l’occasion des fêtes nationales, religieuses et des moussems, surtout en milieu rural.

Dans le cadre de cette 15e édition du Salon du cheval d’El Jadida, la tbourida occupe une place de choix dans le programme des activités, avec l’organisation de la 7e édition du Grand Prix de S.M. le Roi Mohammed VI de tbourida. En effet, ce Grand Prix représente l’occasion d’une vive compétition sereine et sportive poussant les vaillants cavaliers, sur de superbes montures barbes et arabe-barbes richement harnachés, à se surpasser et à faire honneur à leur région.

Quelles sont les principales sorbas présentes cette année, et comment reflètent-elles la diversité des traditions équestres à travers les différentes régions du Maroc ?

“Les douze régions du royaume sont représentées dans ce Grand Prix, soulignant les évolutions des différentes sorbas par des postures, des gestes, des jeux de fusils et un habillement de cavaliers propres à chaque tariqa”

Hamid Benazzou

Les douze régions du royaume sont représentées dans ce Grand Prix. Cette représentativité reflète la diversité et la complémentarité des spécificités régionales en termes de culture, de traditions, mais aussi de style (tariqa) de jeu de la tbourida, de harnachements des chevaux et d’habits des cavaliers.

Cette diversité enrichit et agrémente les évolutions des différentes sorbas par des postures, des gestes, des jeux de fusils et un habillement de cavaliers propres à chaque tariqa, appelée aussi école de tbourida.

Le Grand Prix de S.M. le Roi Mohammed VI de tbourida est l’un des moments les plus attendus. Quels sont les préparatifs spécifiques mis en place pour assurer le bon déroulement de cette compétition prestigieuse?

Comme toute compétition de cette taille, les grands moyens sont mis en place pour réussir ce challenge. Outre l’aire de compétition (mehrek) méticuleusement préparée, toutes les troupes ont leur tente aménagée à la tradition marocaine. Derrière, un espace (roua) est réservé à la stabulation libre des chevaux avec la mise à disposition de l’alimentation et de l’abreuvement des chevaux.

Les permanences sanitaires et vétérinaires sont organisées sur place avec toute la logistique nécessaire (médecins, protection civile, vétérinaires et ambulances) pour assurer le bien-être des cavaliers et de leurs chevaux.

Des gradins adéquats, de 4400 places, sont aménagés tout au long du mehrek, pour permettre au public passionné de savourer le spectacle. De plus, un staff technique et un jury fédéral sont mis à la disposition du Grand Prix afin d’assurer le bon déroulement de la compétition dans le respect de la règlementation spécifique à ce sport.

Quels sont les critères de sélection des sorbas participantes au Grand Prix de tbourida ?

18 sorbas sont qualifiées au Grand Prix de S.M. le Roi Mohammed VI de tbourida, à l’issue des concours interrégionaux de tbourida, organisés par la Société royale d’encouragement du cheval (SOREC) et la Fédération royale marocaine des sports équestres (FRMSE) au titre de l’année en cours.

Les 12 premières, représentant chacune une région du royaume, sont qualifiées selon le classement enregistré lors des concours interrégionaux, et dans le cas où une région ne participe pas à ce concours, elle est représentée par la sorba de sa région la mieux classée au concours régional.

En plus de ces 12 sorbas, et pour compléter les 18, les 6 meilleures secondes troupes par région dans les concours interrégionaux de tbourida sont sélectionnées.

Comment seront évaluées les performances des équipes lors des compétitions de tbourida ?

Lors de la compétition de tbourida, les sorbas participantes doivent d’abord exécuter la “tahia” ou “hadda” devant le jury. Cette épreuve permet de juger la qualité des chevaux, la conformité de l’habillement et du harnachement, ainsi que l’évolution de la troupe.

Une note sur 25 est attribuée à chaque sorba, tenant compte des traditions propres à chaque région. Les critères sont répartis comme suit : l’état des chevaux, leur entretien et leurs aplombs sont notés sur 8 points, la conformité de l’habillement traditionnel sur 5 points, la conformité du harnachement et des selles sur 6 points, et enfin, l’évolution des cavaliers, leur alignement, le maniement des fusils et des filets, ainsi que l’animation du groupe par le Mkadem sur 6 points.

Ensuite, les troupes exécutent la “tbourida”, lors de laquelle le jury évalue le départ, l’exhibition ou “lâab”, et le tir, aussi appelé “talka” ou “takhrij”. Chaque sorba effectue trois passages, et une note sur 25 points est attribuée pour chaque passage. Ces points se répartissent comme suit : le départ, qui inclut le respect du temps et l’alignement obligatoire, est noté sur 3 points, l’exhibition, qui consiste en une course alignée au galop et le maniement des fusils, ainsi que l’enchaînement simultané des mouvements, sur 11 points, enfin, le tir en course au galop est évalué sur 11 points.

Le jugement est individuel, et les notes des premiers jours, de mardi à vendredi, sont affectées d’un coefficient 1, tandis que celles du samedi, jour final, sont affectées d’un coefficient 2. Le cumul des notes obtenues sur les cinq jours de compétition détermine le classement final.

La sécurité est primordiale dans les compétitions de tbourida. Quelles mesures spécifiques seront mises en place pour garantir la sécurité des cavaliers et des chevaux pendant les démonstrations ?

Le Salon du cheval d’El Jadida accorde une importance primordiale à la sécurité des cavaliers et des chevaux mais aussi du public lors de ce prestigieux Grand Prix.

En effet, tous les contrôles à priori sont effectués pour garantir le bien-être des chevaux et des cavaliers : les contrôles des dosages de la poudre, l’état des fusils, l’état du harnachement et la fluidité des passages. En outre, toutes les permanences sont mises en place, médicale, vétérinaire, ambulance médicalisée et ambulance pour chevaux avec un personnel spécialisé.

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