L’idée est désormais dans l’air. Pour la première fois, un membre du gouvernement mentionne ouvertement l’idée d’un remaniement. C’est en marge d’une conférence de presse consacrée à la suspension de Salaheddine Aboulghali de la direction du PAM (lire article p. 12) que le ministre de la Culture, Mehdi Bensaid, a évoqué le sujet.
Après presque trois années au pouvoir, Aziz Akhannouch est sans doute déjà à la recherche de nouveaux profils capables de l’aider à aborder un sprint final de deux ans, durant lesquels l’emploi et la lutte contre le stress hydrique ont été érigés (beaucoup trop tard) au rang de priorités absolues. Pourtant, une simple radioscopie du gouvernement actuel et de son fonctionnement permet de conclure que ce changement n’aurait que très peu d’effet.
Il y a tout d’abord les quasi indéboulonnables. Nasser Bourita (Affaires étrangères), Abdelouafi Laftit (Intérieur) et Fouzi Lekjaâ (Budget), pour ne citer qu’eux, sont impliqués dans des dossiers primordiaux pour le pays, de la défense de la marocanité du Sahara à l’organisation du Mondial 2030 en passant par l’encadrement de son développement. Non politisés, leur réussite est apparente et ils bénéficient, visiblement, de la confiance du sommet de l’État auquel ils rendent directement compte sans passer par la case Aziz Akhannouch.
Il faut aussi considérer ceux à qui la gestion d’un projet royal a été confiée. Serait-il vraiment judicieux d’évincer un Khalid Aït Taleb (Santé) de son poste alors que le pays mène la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire ainsi qu’une réforme profonde de la gouvernance de son système de santé ? Une éviction potentielle de Abdellatif Ouahbi est-elle réaliste alors que le ministre de la Justice sera l’un des pilotes de la réforme de la Moudawana ?
“Le gouvernement a besoin d’être porté par un chef ayant un leadership affirmé, mais surtout d’une vision d’ensemble au service de la majorité des Marocains et non pas au service de quelques intérêts particuliers”
D’autres méritent de voir leur projet arriver à terme. Nizar Baraka a hérité d’un poste pour le moins difficile. La gestion des ressources hydriques est une urgence et le ministre enchaîne les rencontres pour permettre aux infrastructures nécessaires de fleurir à travers le royaume. Quant à Chakib Benmoussa, il a entamé une profonde réforme de l’Éducation nationale dont la logique est difficilement contestable, puisque appuyée par de nombreuses recherches. Le ministre a tenu contre vents et marées face aux tentatives de torpillage, jusqu’à ce que Aziz Akhannouch ne décide d’intervenir… Quant aux autres, leur mission s’inscrit dans l’agenda “normal” d’un gouvernement marocain et tout changement à leur niveau n’entraînerait pas d’évolution significative.
Ce qu’il faudrait à l’Exécutif, ce n’est pas un remaniement, mais un changement de mentalité. Le gouvernement a besoin d’être porté par un chef ayant un leadership affirmé, mais surtout d’une vision d’ensemble au service de la majorité des Marocains et non pas au service de quelques intérêts particuliers. Aziz Akhannouch en est-il capable ?