Cet article a été réalisé indépendamment de la rédaction par TelQuel Impact.
Dans ce vol Istanbul-Casablanca, un groupe se distingue. Tous semblent venir de la corne d’Afrique et leurs mines fatiguées semblent attester d’un voyage qui dure depuis bien trop longtemps. Tous, sauf Mohamed aux côtés duquel nous prenons place.
Sa mine est réjouie, et les pleurs d’un bébé quelques rangées plus loin ne semblent pas le déranger outre-mesure. La conversation est initiée en anglais mais Mohamed nous corrige immédiatement : il vient de Djibouti et parle français. Après tout, son pays est une ancienne colonie française située sur la corne de l’Afrique, là où le Golfe d’Aden et la Mer Rouge se rencontrent.
Si la fatigue ne semble pas affecter Mohamed, c’est parce qu’il est excité par la prochaine et dernière étape de son voyage. Il se rend au Maroc car il vient tout juste d’obtenir une bourse universitaire du Royaume, via l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI).
Aider son pays
Cela fait presque sept heures que Mohamed a quitté Djibouti. C’est la première fois qu’il quitte son pays qui semble déjà lui manquer. Il nous parle de ses plus belles plages, comme celle des Sables Blancs du côté de Tadjoura au sud de Djibouti. Il évoque également la capitale Djibouti, connue pour ses bases militaires. Car des troupes chinoises, japonaises, espagnoles, allemandes, italiennes, espagnoles et américaines ont pris leurs quartiers dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Et pour cause ! Passage obligé pour les bateaux traversant le Canal de Suez, Djibouti voit défiler des bateaux venant d’Asie, d’Europe et du reste du monde. Et Mohamed compte bien contribuer au développement du port de Djibouti, l’un des atouts de son pays.
C’est pour ça qu’il a décidé de poursuivre une licence en logistique à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès. Il a d’ailleurs refusé de poursuivre des études à Oujda pour justement pouvoir bénéficier de cette formation.
Il s’inquiète légèrement lorsqu’il prend conscience que nous sommes déjà en novembre. Son dossier a pris du temps, mais le Maroc, dit-il, a fait en sorte que tout se passe pour le mieux. Il se rassure immédiatement en se disant que les cours, dans les universités marocaines, ne débutent que début octobre.
Découvrir le Maroc
L’avion se rapproche du Maroc, après avoir survolé la Sardaigne. Mohamed nous interroge sur la géographie du Royaume. Y a-t-il des plages aussi belles que celle de Djibouti? Il semble presque étonné lorsque nous lui affirmons que le Maroc dispose de 3500 kilomètres de côtes.
Il nous questionne sur la capitale, Rabat, où l’attend l’un des membres de sa famille. Il se demande également combien de temps il lui faudra pour rejoindre Fès.
Même s’il ne s’y rendra pas immédiatement, Mohamed a hâte de voir une ville : Tanger. Il se demande à quoi ressemble la ville qui, comme Djibouti, est au croisement de deux mondes. Il veut voir le Cap Spartel où se croisent la Méditerranée et l’Atlantique à quelques kilomètres de la ville du détroit. Il rêve également de voir la neige, que ce soit sur l’Oukaïmeden ou du côté d’Ifrane.
“Une des filles de notre groupe est d’origine arabe. Elle est convaincue que la solidarité arabe lui permettra de s’acclimater rapidement”
Mais, surtout, il se demande quel accueil lui réserveront les habitants du pays dans lequel il s’apprête à vivre : “Une des filles de notre groupe est d’origine arabe. Elle est convaincue que la solidarité arabe lui permettra de s’acclimater rapidement”.
Mohamed ne parle que français mais est vite rassuré lorsque nous lui expliquons que nombreux sont les Marocains à disposer d’une compréhension de base de la langue de Molière. Il se dit aussi que la solidarité prévaudra au sein du groupe qui l’accompagne.
En effet, chaque année, ce ne sont pas moins de 160 étudiants venant de Djibouti qui bénéficient d’une bourse d’études octroyée par le Maroc, portant le nombre total de ses concitoyens bénéficiaires à 420 actuellement. Au moment où nous quittons l’avion, Mohamed affiche un grand sourire. Il nous souhaite bon courage et semble prêt à relever son prochain grand défi.