Une étude rendue publique par la BBC met en avant cette perte de confiance en la démocratie, surtout lorsqu’elle est mise en relation avec la stabilité économique de la région. La plupart des 23.000 interrogés par le réseau d’Arab Barometer dans 9 pays et dans les territoires palestiniens sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’économie est faible sous la démocratie.
“Il y a une prise de conscience croissante que la démocratie n’est pas une forme parfaite de gouvernement, et qu’elle ne va pas tout régler”
Ces résultats interviennent un peu plus de dix ans après que les manifestations du “printemps arabe” ont appelé à un changement démocratique. Moins de deux ans après ces manifestations, seule la Tunisie est encore une démocratie, mais un projet de Constitution publié la semaine dernière pourrait ramener le pays vers l’autoritarisme, s’il est approuvé.
Selon le directeur d’Arab Barometer, Michael Robbins, “il y a une prise de conscience croissante que la démocratie n’est pas une forme parfaite de gouvernement, et qu’elle ne va pas tout régler”. “Ce que nous voyons à travers la région, c’est que les gens ont faim, les gens ont besoin de pain, les gens sont frustrés par les systèmes qu’ils ont”, a-t-il ajouté, des déclarations rapportées par la BBC.
Ainsi, selon la même étude, un peu moins de 50 % des interrogés au Maroc affirment être d’accord avec le fait que l’économie est faible dans un système démocratique.
Par ailleurs, plus de la moitié des personnes interrogées dans l’ensemble des pays sont également d’accord ou tout à fait d’accord pour dire qu’elles sont plus préoccupées par l’efficacité des politiques de leur gouvernement que par le type de gouvernement.
La deuxième question à laquelle s’intéresse l’étude est l’intérêt des interrogés dans l’efficacité des gouvernements plutôt que dans leurs formes.
Les plus concernés selon l’étude sont donc les Irakiens, dont 79 % affirment être plus intéressés par l’efficacité de leur gouvernement. Les Marocains se placent en avant-dernière position, avec 62 % des interrogés qui manifestent ce même intérêt.
Selon l’indice de démocratie de l’EIU, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les moins bien classés de toutes les régions couvertes par l’indice — Israël est classé comme une “démocratie imparfaite”, la Tunisie et le Maroc sont classés comme des “régimes hybrides”, et le reste de la région est classé comme “autoritaire”.
Dans sept pays ainsi que dans les Territoires palestiniens, plus de la moitié des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle leur pays a besoin d’un dirigeant capable de “contourner les règles” si nécessaire pour faire avancer les choses. Il n’y a qu’au Maroc que moins de la moitié des personnes interrogées sont d’accord avec cette affirmation.
En ce qui concerne les défis au niveau des pays interrogés, la situation économique est considérée comme le défi le plus urgent, devant la corruption, l’instabilité et la propagation du Covid-19.
Seuls deux pays ne considèrent pas cette situation comme un problème crucial : en Irak, le défi majeur est la lutte contre la corruption, et en Libye, il s’agit de la lutte contre l’instabilité causée par la guerre.
Au Maroc, 33 % des interrogés considèrent que la situation économique du pays est le défi majeur, devant la propagation du Covid et la lutte contre la corruption.
Dans chaque pays, au moins une personne sur trois est d’accord sur le fait qu’il y a un manque de nourriture ainsi que de fonds nécessaires pour en acheter davantage. Concernant ce point, le Maroc et les Territoires palestiniens sont les zones où les interrogés semblent le moins concernés par cette affirmation.
Enfin, l’étude s’est intéressée à la satisfaction ainsi qu’à l’optimisme des interrogés concernant la situation économique de leurs pays. Sur ce point, 33 % des Marocains seraient satisfaits de la situation actuelle et 42 % seraient confiants quant à une évolution de cette dernière dans les 2 à 3 ans à venir.
Cependant, les interrogés les plus optimistes sont les Tunisiens, dont seuls 14 % se disent satisfaits de la situation actuelle, contre 61 % qui se disent confiants quant à son évolution dans les années à venir.