Ce qui a été annoncé : À l’issue de la dernière réunion de planification de cet exercice militaire conjoint, tenue du 21 au 25 mars au siège de l’État-major de la Zone Sud à Agadir, il a été décidé de donner le coup d’envoi de l’édition 2022 de l’African Lion le 20 juin prochain. Pour la deuxième fois successive, ces manœuvres internationales incluront le territoire du Sahara. Ainsi, les opérations se dérouleront à Agadir, Tan Tan, Al Mahbes (à 70 km de Tindouf), Taroudant, Kénitra et Ben Guérir.
Pourquoi cela compte ? Pour Rabat, l’inclusion du territoire du Sahara dans cet exercice militaire d’envergure est une “confirmation” de la reconnaissance américaine de la marocanité de ces régions. De son côté, la diplomatie américaine considère l’organisation de cet exercice en elle-même comme une concrétisation de la “nature profonde des relations” entre les deux pays. “Nous faisons tout ce que nous pouvons du point de vue militaire pour aider le Maroc à défendre ses frontières, son littoral”, affirmait David Green, chargé d’affaire de l’ambassade des États-Unis au Maroc, à TelQuel, en décembre dernier.
Cependant, Washington ne semble pas aussi enthousiaste que Rabat quant à l’inclusion d’Al Mahbes. “Sur la question plus large du Sahara occidental, nous sommes tous d’accord sur le fait que nous voulons une solution juste, durable, et universellement acceptée”, avait-il nuancé.
La situation avant : Durant 12 éditions d’African Lion, les exercices militaires n’avaient jamais été étendus aux provinces du Sahara. En 2021 quelques mois après la décision de l’ancien président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara, les manœuvres ont inclus pour la première fois, la région d’Al Mahbes, située à 5 km du mur de protection et à 70 km des camps de Tindouf.
- 2013, date clé
En 2013, le Maroc avait suspendu, pour la première fois les manœuvres militaires avec ses « alliés » des Etats-Unis. La décision de Rabat intervenait après la présentation au Groupe des amis du Sahara aux Etats-Unis (membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU et l’Espagne) d’un projet de résolution, qui prévoit pour la première fois d’étendre aux droits de l’homme le mandat de la Minurso. Le texte avait été rédigé par Susan Rice, ambassadrice américaine à l’ONU, sous l’ère Obama. Le projet de résolution prévoyait l’instauration d’un mécanisme de surveillance et de compte-rendu des droits de l’homme dans les villes marocaines du Sahara et à Tindouf.
Suite à un entretien téléphonique entre Mohamed VI et Barak Obama, les relations entre les deux pays étaient retourné à la normale. Ainsi, les manœuvres avait repris la même année.
Contexte : African Lion est le plus grand exercice militaire mené par le Commandement militaire des États-Unis pour l’Afrique. Chaque année, ces opérations sont organisées au Maroc, en Tunisie et au Sénégal. Outre ces pays, le Royaume-Uni, le Brésil, le Canada, les Pays-Bas, l’Italie et l’OTAN y participent aussi.
Cette année et malgré la réconciliation, l’armée espagnole (membre de l’OTAN, ndlr), ne prendra pas part à cette rencontre militaire internationale pour “des raisons budgétaires”, selon le journal El Pais, citant la défense du royaume ibérique. Madrid n’avait pas participé à l’édition de l’année dernière aussi en raison de sa brouille diplomatique avec Rabat. “L’Espagne ne participera pas à l’édition de cette année des manœuvres organisées par les armées des États-Unis et du Maroc, “African Lion 22’“a annoncé l’agence de presse espagnole EFE, citant des sources militaires et diplomatiques.
En 2021, 100 véhicules blindés et 67 avions, dont 21 de chasse, ont été déployés lors de ces manœuvres, pour un budget d’environ 24 millions de dollars.
Ce qui a été dit à ce sujet : Pour David Green, ces opérations ont pour but d’améliorer les capacités militaires des pays africains. Elles interviennent aussi pour faire face aux “défis sécuritaires considérables sur tout le continent, mais particulièrement dans la région avec la présence de Daech au Sahel” et “en “Libye”.
Pour en savoir plus : En 2021, 740 soldats américains ont participé aux exercices au Maroc. Cette coopération militaire couronne des relations stratégiques et “profondes”, dont se réjouit la diplomatie américaine.