Le territoire de la centrale nucléaire de Zaporojie est occupé par les forces armées de la Fédération de Russie. Le personnel opérationnel contrôle les blocs énergétiques et assure leur exploitation en accord avec les exigences des règlements techniques de sécurité d’exploitation”, a indiqué le régulateur nucléaire ukrainien.
Selon Kiev, des tirs de chars russes sur la centrale dans la nuit ont mis le feu à un bâtiment consacré aux formations et à un laboratoire. Les services de secours ont indiqué avoir pu accéder au site et éteindre l’incendie vers 6 h 20 (4 h 20 GMT), après en avoir été un temps empêchés par les soldats russes.
Pas de victime ni de fuite radioactive
L’incendie n’a fait aucune victime, selon les secours ukrainiens. Et aucune fuite radioactive n’a été détectée, selon le régulateur nucléaire. Les niveaux de radioactivité restent inchangés sur le site de la centrale, qui compte six réacteurs nucléaires, a indiqué de son côté l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), selon qui aucun équipement “essentiel” n’a été endommagé.
“S’il y a une explosion, c’est la fin de tout. La fin de l’Europe”
Volodymyr Zelensky
Le site de Zaporojie, situé sur le fleuve Dniepr à environ 550 km au sud-est de Kiev, est la plus grande centrale nucléaire d’Europe avec une capacité totale de près de 6000 mégawatts, assez pour fournir en électricité environ quatre millions de foyers. Elle fut inaugurée en 1985, quand l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique.
Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce sont des chars russes qui ont ouvert le feu sur la centrale de Zaporojie. “Ces chars sont équipés de viseurs thermiques donc ils savent ce qu’ils font, ils s’étaient préparés”, a-t-il affirmé dans une vidéo publiée par la présidence ukrainienne.
Terreur nucléaire
Zelensky a accusé Moscou d’avoir recours à la “terreur nucléaire” et de vouloir “répéter” la catastrophe de Tchernobyl, la plus grave de l’histoire en 1986. “Nous alertons le monde sur le fait qu’aucun autre pays hormis la Russie n’a jamais tiré sur des centrales nucléaires. C’est la première fois dans notre histoire, la première fois dans l’histoire de l’humanité. Cet État terroriste a maintenant recours à la terreur nucléaire”, a-t-il affirmé.
Il a martelé qu’une intervention européenne était nécessaire : “L’Ukraine compte quinze réacteurs nucléaires. S’il y a une explosion, c’est la fin de tout. La fin de l’Europe. Il faut empêcher que l’Europe ne meure d’un désastre nucléaire.”
“Les actions irresponsables du président Poutine peuvent maintenant menacer directement la sécurité de toute l’Europe”
Boris Johnson
Le 24 février, des combats avaient déjà eu lieu près de l’ancienne centrale de Tchernobyl, à une centaine de kilomètres au nord de Kiev, et qui est désormais entre les mains des troupes russes.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU “dans les prochaines heures”. “Les actions irresponsables du président Poutine peuvent maintenant menacer directement la sécurité de toute l’Europe”, a-t-il déploré dans un communiqué, après s’être entretenu avec M. Zelensky.
La Maison Blanche a également fait savoir que le président Biden avait parlé au téléphone avec le président ukrainien. Le président américain a ensuite “exhorté la Russie à cesser ses activités militaires dans la zone” de la centrale.
Pas d’apaisement en vue
Dans des déclarations à la télévision russe jeudi 3 mars, le président Vladimir Poutine n’a donné aucun espoir d’apaisement. “L’opération militaire spéciale se déroule strictement selon le calendrier, selon le plan”, a-t-il déclaré, rendant hommage aux soldats russes et à leur “précieux combat contre des néonazis” et des “mercenaires étrangers” qui utilisent selon lui les civils comme “boucliers humains” en Ukraine.
“Le pire est à venir”
Emmanuel Macron
Les forces russes intensifient d’ailleurs leurs frappes sur les principales villes d’Ukraine. Kiev a notamment accusé Moscou jeudi d’avoir bombardé une zone résidentielle à Tcherniguiv, sur la route de Kiev, faisant 33 morts.
Vladimir Poutine a douché jeudi les espoirs de médiation du président français Emmanuel Macron, lui déclarant au téléphone que la Russie avait “l’intention de poursuivre sans compromis son combat contre les membres des groupes nationalistes qui commettent des crimes de guerre”, et répétant son exigence d’une démilitarisation et d’un statut neutre pour l’Ukraine, selon le Kremlin.
“Le pire est à venir”, Vladimir Poutine veut “prendre le contrôle” de toute l’Ukraine, a jugé le président français après cet appel, selon l’Élysée.