Une nouvelle marque pour fédérer tout l’écosystème des start-up au Maroc. Ce vendredi 14 janvier, la ministre chargée de la Transition numérique et de la Réforme administrative, Ghita Mezzour, a officiellement lancé le label “MoroccoTech”, une “marque pour célébrer ce qui est produit au Maroc dans le domaine des technologies et du numérique”, a fait valoir la ministre dans une prise de parole liminaire.
Spécialiste de l’Intelligence artificielle, elle-même entrepreneure avant d’être en charge du nouveau portefeuille ministériel, elle évoque un nouvel “engagement pour renforcer l’économie numérique”. Ces prochaines semaines, voire mois, “plusieurs initiatives” devraient être mises sur les rails autour de cette structure pour œuvrer au foisonnement des start-ups, la gouvernance du secteur et leur rayonnement à l’international.
Nouvelles pousses
Dans un format qui s’y prête bien, mélange de conférence TedX et de table ronde, plusieurs panels et acteurs se sont succédé ce vendredi pour discuter de l’état des lieux du digital au Maroc. Dans des interventions brèves, le plus souvent sans notes, les acteurs ont fait part de leur vécu et de leurs vues sur l’environnement numérique national. L’occasion de poser en commun des premières pistes de réflexion pour faire valoir une économie en plein développement.
MoroccoTech, une première pièce vers la start-up nation ? “Le développement de l’écosystème start-up reste un levier pour dynamiser l’économie nationale et aussi pour la création d’emplois. Les start-ups sont porteuses de nouvelles stratégies innovantes, mais créent également de l’emploi et de la valeur”, pose Zineb Drissi Kaitouni, fondatrice de Dabadoc. Celle qui dirige désormais le pôle “start-up” au sein de l’APEBI (Fédération des technologies de l’information, de télécommunication et de l’offshoring) espère que “toutes les composantes” de l’écosystème — banque, structures d’accompagnement, universités et entrepreneurs — œuvreront en commun “pour fluidifier cette émergence”.
“Cette initiative vient consacrer quelque chose de latent depuis plusieurs années”, fait valoir Mehdi Tazi, vice-président général de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Lui, fait part de débuts poussifs, avant de connaître une accélération du fait de la pandémie. De quoi ouvrir une nouvelle brèche et “une quantité d’opportunités aux investisseurs et aux entreprises.”
Si la rencontre n’a pas tellement abordé la question des chiffres, 1300 acteurs sont désormais clairement identifiables et les potentialités sont croissantes, selon les différents intervenants. Mohamed Horani, président du Conseil d’administration de Hightech Payment Systems (HPS), qui délivre des solutions de paiement électronique, préconise une stratégie portée sur les niches, à la manière de ce qu’a fait le Maroc sur les filières automobile et aéronautique. “Nous devons être en mesure d’identifier et choisir les niches qui vont se développer le mieux au Maroc et se positionner dessus, a-t-il avancé. Cela permettrait de répondre à 80 % de nos besoins, d’équilibrer la balance numérique et d’exporter”.
Éco-système plutôt qu’égo-système
Les ressources humaines et la formation constituent également des acquis sur lesquels capitaliser. “Dans n‘importe quel pays plus mature sur le numérique, il y a un manque de ressources. Je pense que nous les avons au Maroc”, avance Mehdi Tazi, qui fait part de la formation des ingénieurs, mais aussi de l’expérience réussie de l’école de coding 1337, espérant davantage de vues portées sur la formation, notamment au niveau local.
L’esprit de l’initiative ? MoroccoTech est une “célébration et une reconnaissance pour ces jeunes, qui nous le doivent et c’est notre responsabilité commune”, a mis en avant Mehdi Alaoui, CEO de LaStartupFactory. Dans un format aux airs de TedX, il voit la marque MoroccoTech comme une nouvelle façon de faire “confiance au jeune et de lui donner sa chance”.
Ilan Benhaim, cofondateur de VeePee (ex-Vente privée), abonde : “Dans un monde post-Covid, la chose la plus facile à exporter, ça ne va pas être les agrumes, mais la technologie.” Autodidacte, il met l’accent sur la jeunesse, “l’un des actifs principaux du Maroc”, mais aussi la diaspora pour pouvoir vendre localement.
Trois mois après sa nomination, le lancement d’une telle marque par la nouvelle ministre Ghita Mezzour est perçu comme un signal de changement vers la “digital nation”. La nouvelle marque reprend dans son identité visuelle les mêmes composantes graphiques que le label Morocco Now, vitrine des ambitions du royaume à l’international. Le Nouveau modèle de développement avait également fait du numérique l’un des grands paris économiques, préconisant de porter à “haut niveau” la transformation numérique et être en mesure de faire émerger des “start-ups de dimension régionale et mondiale”.
Le premier écueil à éviter ? Le chacun pour soi. “Il faut parvenir à construire un éco-système et non un égo-système”, fait valoir Zouheir Lakhdissi, CEO de Dial Technologies et membre de l’APEBI. Un projet qui a besoin de travail commun et de co-construction, à l’image des acquis drainés depuis le début de la pandémie. “On ne peut pas réussir si l’on ne construit pas ensemble, poursuit-il. D’autant que nous sommes un pays qui a besoin de cette logique de collaboration et ça a pu être démontré durant la période Covid avec la collaboration de différentes entités publiques et privées.”
Ainsi, selon le président de la CGEM Chakib Alj, l’initiative MoroccoTech sera aussi bien portée “par le secteur public que par les acteurs privés dans le cadre d’une gouvernance efficace et orientée résultats”.