Pour le secteur aérien, Omicron risque de gâcher le début de 2022

Pays fermés, restrictions de mouvements et incertitude générale peu propice aux projets de voyage : le variant Omicron risque de gâcher le début de l’année 2022 pour le transport aérien européen, qui espérait pourtant avoir passé le pire d’une crise historique.

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Contrôle des passeports à l’aéroport international Pierre Elliott Trudeau de Montréal. Crédit: Daniel Slim / AFP

Constatant “une forte baisse des réservations” de mi-janvier à février en raison de la propagation du variant, Lufthansa a décidé d’annuler quelque 33.000 vols, soit 10 % du programme hivernal, a indiqué jeudi le PDG de la compagnie allemande.

La veille, Ryanair, la plus grande compagnie aérienne européenne par nombre de passagers, a prévenu que sa perte annuelle serait sans doute le double de ce qu’elle attendait, là aussi en raison d’un ralentissement “soudain” des réservations.

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Les compagnies subissent notamment l’interdiction des voyageurs sans motif impérieux du Royaume-Uni vers la France et l’Allemagne et la fermeture des frontières du Maroc, entre autres multiples restrictions mises en place ces dernières semaines pour tenter de freiner la propagation d’Omicron, plus contagieux que les précédentes souches du virus responsable du Covid-19.

Attentisme

Chez Air France, on ne constate “pas de vague d’annulations”, mais “un petit ralentissement des réservations”. “On est plutôt dans une logique de réservation à court, voire très court terme. Les clients reviennent à une situation d’attentisme, ne se projettent pas sur l’avenir”, décrit la compagnie à l’AFP.

Au-delà des réservations, les effets d’Omicron sur le trafic aérien européen ne sont pas encore évidents. Selon l’organisme Eurocontrol, qui surveille les mouvements d’avions sur le Vieux continent, ceux-ci ont connu une hausse continue avant la saison des fêtes, et atteint le 19 décembre 76,3 % du trafic de 2019, avant la pandémie.

Eurocontrol est resté prudent pour la suite, jugeant que “les conséquences (d’Omicron) sur janvier ne sont pas claires”. Même circonspection au sein de l’Association internationale du transport aérien (Iata).

Didier Bréchemier, spécialiste du secteur aérien au sein du cabinet Roland Berger, constate un contexte “pas positif pour le secteur aérien”. Les informations sur la plus grande contagiosité du variant “génèrent une certaine peur de revoyager” tandis que les règles hétérogènes selon les pays “engendrent une vraie complexité”, explique-t-il à l’AFP.

Des restrictions inefficaces ?

De son côté, l’association des aéroports européens ACI Europe a tiré la sonnette d’alarme jeudi. Citant des données préliminaires, elle a estimé que le trafic passagers s’était effondré de 20 % dans les équipements de ses adhérents à partir du 24 novembre, quand l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a annoncé avoir identifié le nouveau variant en Afrique du Sud.

Dans le même temps, le taux de remplissage des appareils a glissé de 66 % à 54 %, selon ACI Europe qui a néanmoins remarqué, comme Eurocontrol, une hausse de la fréquentation au début de la saison de Noël (+9 % sur une semaine).

Mais, pour le directeur général de l’organisation, Olivier Jankovec, seuls les voyages pour “rendre visite à la famille et aux amis tiennent plus ou moins le coup”, au contraire des déplacements d’affaires et de tourisme. Une fois les vacances terminées, “il ne fait aucun doute qu’Omicron aura des conséquences adverses sur le trafic des passagers lors du premier trimestre de 2022”, s’est inquiété M. Jankovec.

Les organisations du secteur aérien (compagnies, aéroports) se sont élevées contre les restrictions de déplacements, faisant valoir à l’unisson de l’OMS qu’elles étaient inefficaces une fois le variant largement répandu.

Casse-tête opérationnels

Omicron se traduit aussi par des casse-tête opérationnels pour les compagnies : la scandinave SAS a dû annuler des dizaines de vols mardi et mercredi, en raison de l’absence de salariés malades. Lufthansa subit le même problème sur ses long-courriers, même si elle n’a pas pu confirmer que le variant était en cause.

Ce nouveau coup de froid sur le secteur intervient alors qu’il espérait en 2022 continuer à retrouver ses clients, deux ans après avoir subi le pire choc de son histoire, même si un retour à la situation pré-Covid n’était pas envisagé avant 2024, voire 2027 selon les zones.

Avant même l’identification d’Omicron, l’Iata prévenait que les compagnies aériennes européennes allaient conclure 2021 sur une perte de 20,9 milliards de dollars, et les voyait rester dans le rouge de 9,2 milliards en 2022.