Elles s’appellent Ghita, Latifa et Saâdia, et ont été abandonnées par leurs maris il y a quinze à vingt-trois ans. Aucun signe de vie de leur part, malgré les multiples tentatives des trois femmes. Elles se doutent bien qu’ils ont refait leur vie ailleurs. Elles sont analphabètes, habitent dans les environs de Béni Mellal, elles sont tisseuses ou cuisinières, et gagnent leur vie au jour le jour. En darija, on les appelle les “m3al9at”, les “suspendues” pour traduire littéralement : ces femmes dont le mari a déserté le foyer depuis des années, et dont le statut marital reste indéterminé. Pourtant, même après plus de quinze ans d’absence, l’administration continue à demander la signature ou l’autorisation des maris pour un bon nombre de démarches et procédures,…