Oui ! El Bakkali nous a sauvés. Il nous a fallu 17 ans pour remporter une autre médaille d’or. Une seule médaille pour 49 participants en 18 sports pratiqués aux Jeux Olympiques. 26,6 millions de dirhams (selon le budget du comité national olympique) pour une médaille, et certains même ironisent en disant « une médaille des déchets récupérés ».
Est-ce un échec ? Sur les résultats obtenus, évidemment ! Un échec du comité olympique et des fédérations professionnelles. Le rôle des fédérations n’est pas seulement d’organiser la pratique de leur discipline au plus haut niveau, mais sur ce point en particulier, elles ont échoué. Depuis des années, ces dernières ne sont que sujet de scandales, d’incidents de discrimination, de fuite des champions et d’élections difficiles à qualifier de démocratiques. Vont-ils démissionner ? Chut ! Ils n’ont pas le courage.
Passionné de football, prenons l’exemple de la fameuse Fédération royale marocaine de football (FRMF) avec un budget dépassant les 800 millions de dirhams. Un budget énorme, avec lequel la FRMF a certes réalisé des avancées en termes d’infrastructures, mais a accumulé les échecs. Les résultats obtenus par nos clubs et équipes nationales, en plus composés en majorité de joueurs formés à l’étranger, sont très modestes par rapport aux sommes allouées. S’y ajoute un directeur technique démissionnaire peu après la présentation de sa feuille de route, pour ne pas parler de sa nomination. Quant à son rôle principal, qui est la promotion de la pratique du sport, difficile à évaluer, quand des petits Faras ou Naybet doivent louer un terrain de proximité.
Si l’objectif des Jeux Olympiques est le développement humain et la paix mondiale, via la pratique du sport, les pays participent aujourd’hui pour promouvoir leur image et montrer leur suprématie à travers le sport. Pour construire un athlète, pour la majorité des sports pratiqués aux Jeux Olympiques, il faut commencer à un jeune âge, 6 ou 7 ans, voire 4 ans. La base des pratiquants doit être également élargie, ce qui ne peut être atteignable qu’à travers l’intégration de ces sports à l’école. Une scolarité en sport-étude est primordiale, afin d’éviter aux jeunes champions de faire le choix entre les deux.
Mais est-ce seulement le rôle des fédérations ? Non !
Aujourd’hui, il faut repenser le modèle de gestion marocain, notamment en sport. Une politique nationale du sport doit être pensée, en intégrant les ministères de la Jeunesse et du Sport, de l’Éducation, et de la Santé. L’objectif essentiel du sport n’est pas seulement de remporter des médailles et coupes. L’objectif du sport est que la population devienne productive, saine et surtout épanouie. Aujourd’hui, 64 % de la population américaine souffre d’obésité, due au manque d’activité physique et à une mauvaise alimentation. L’obésité provoque des maladies mortelles comme le diabète, les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Selon l’OMS, 55,1 % de la population marocaine est en surpoids et 21,7 % est obèse. Cela est suffisant pour tirer la sonnette d’alarme.
Chaque Marocain doit avoir la possibilité d’exercer le sport de son choix, quel que soit son âge, en utilisant des infrastructures publiques ou privées. Le sport est un investissement que nous effectuerons aujourd’hui et dont nous récolterons les fruits demain. La pratique du sport par la majorité de la population a une conséquence sur sa productivité dans l’immédiat, et permet une baisse des dépenses sanitaires sur le moyen et long terme. Cela devrait être évident à la suite de la crise du Covid-19. Il vaut mieux prévenir que soigner !
Cet effort doit être conduit par le gouvernement, mais supporté voire imposé au secteur privé. C’est-à-dire, imposer au secteur privé de verser un élément de rémunération pour la pratique sportive. Ce dernier aura un impact positif sur l’économie nationale, particulièrement sur l’industrie du sport.
Pour conclure sur une anecdote, à la veille des élections, en consultant les programmes présentés par les partis, personne n’en parle…
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À propos de l’auteur de cette tribune : Chadi Rhanja Benamor est consultant en finance.
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