Une envie de s’impliquer davantage au Maroc. C’est du moins ce qu’a laissé transparaître l’immunologue marocco-américain Moncef Slaoui dans un récent entretien accordé à BM Magazine.
“Je suis totalement disposé à aider si la demande correspond à un domaine où je peux apporter de la valeur ajoutée”, a annoncé celui qui était devenu, du 15 mai 2020 au début d’année 2021, le “Monsieur vaccin” du président américain Donald Trump.
Une option envisageable pour lui, si toutefois il ne rencontre pas “pas d’interférence politique ou une bureaucratie excessive”, comme il l’a évoqué lors du même entretien. Natif d’Agadir, avant d’étudier à Casablanca au lycée Mohammed V jusqu’à ses 17 ans, le chercheur avait pu revenir à plusieurs reprises sur ses rapports compliqués avec son pays d’origine.
“J’avais un engagement farouche en faveur de la justice sociale et du changement de la nature du gouvernement au Maroc qui était, disons, assez autoritaire”, avait-il évoqué, en octobre 2020, dans le podcast Sway, animé et hébergé par le quotidien américain le New York Times. Il expliquait alors s’être engagé dans des activités politiques “très importantes contre le gouvernement”.
“Tête chercheuse”
En vacances à Casablanca, l’immunologue se dit désormais prêt à apporter son expertise dans les “domaines de très haute technologie”. “Par exemple, si je devais collaborer dans le domaine du remplissage stérile de vaccins, ma valeur ajoutée ne serait pas importante et n’aurait pas un apport significatif”, étaye l’homme âgé de 61 ans. Et de poursuivre : “Par contre, si l’on me demandait d’aider à former des techniciens de haut niveau qui pourraient fabriquer le vaccin, le produit lui-même, là oui, je serais prêt à le faire !”
Le 15 mai 2020, Moncef Slaoui était nommé par le président américain à la tête de l’équipe scientifique chargée de l’opération Warp Speed (vitesse de l’éclair). L’opération consistait alors à trouver le plus rapidement possible un vaccin contre le Covid-19.
Qualifié alors de “tête chercheuse de Trump”, il n’aura piloté ce projet d’envergure que durant huit mois. Début janvier, sur fond de désaccords avec l’ancienne administration sur la gestion de la pandémie, le président américain nouvellement élu, Joe Biden, avait remercié le chercheur marocco-américain.
“J’ai toujours voulu aider les gens. C’est un élément central dans ma vie et ma carrière”
Moncef Slaoui se verrait désormais bien mettre à disposition du Maroc ses compétences, davantage dans un rôle de formation et d’accompagnement. Des projets auxquels il pourrait apporter sa “contribution” et qui pourraient “s’étaler sur le moyen et long terme, voire une ou deux décennies, en intervenant directement par (son) expertise ou en incitant toutes (ses) relations et (son) réseau dans le domaine académique et de centres de recherches à participer au projet”.
Et de justifier : “J’ai toujours voulu aider les gens. C’est un élément central dans ma vie et ma carrière. Je serais aussi intéressé par une action sociale et humanitaire dans mon pays d’origine et qui corresponde à mes compétences.”
Bien que résidant de l’autre coté de l’Atlantique depuis des années, l’immunologue a gardé un regard braqué sur la gestion marocaine de la pandémie de Covid-19, notamment dans l’accès aux précieuses doses de vaccins.
“Il me semble que le plus urgent était de choisir la voie qui allait permettre d’accéder aux doses de vaccins le plus vite possible, explique-t-il. Le Maroc a pu accéder aux doses de vaccins nécessaires pour protéger sa population. J’ai pu constater qu’au mois de février dernier, le Maroc était bien placé en termes de pénétration du vaccin.”
Fin mars, le chercheur avait dit prendre congé de toute activité professionnelle et se rapprocher de sa famille. L’homme faisait alors face à une plainte pour harcèlement sexuel, qui a fini par lui coûter sa place de président du conseil d’administration de Galvani Bioelectronics, société spécialisée dans la recherche médicale et filiale du géant pharmaceutique britannique GSK.