Alors que l’état de santé de Soulaimane Raissouni inquiète après 47 jours de grève de la faim, la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) nie en bloc. Dans un communiqué publié ce 24 mai, la direction de la prison locale d’Ain Sebaâ qualifie l’état de santé du journaliste de “normal” rejetant toutes les informations relayées par ses proches.
Parmi eux, sa femme, Kholoud Mokhtari, qui rapporte que le rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Youm est “entre la vie et la mort”.
46 jours de grève de la faim, @FreeRaissouni est entre la vie et la mort, @Free_Omar_Radi souffre derrière les barreaux, nos journalistes sont entrain de mourrir 🇲🇦 . #justicepouromaretsoulaimane #CPJ #AmnestyInternational #HRW #JournalismIsNotACrime @UNHumanRights pic.twitter.com/bAj7AdPIB5
— Kholoud Mokhtari (@KholoudMokhtar5) May 23, 2021
De son côté, la DGAPR assure que Soulaimane Raissouni s’est dirigé ce 24 mai au parloir en marchant, pour recevoir les avocats de son comité de défense. D’après l’institution présidée par Mohamed Salah Tamek, le journaliste a “bénéficié des visites de membres de la commission régionale des droits de l’Homme (CRDH, relevant du Conseil national des droits de l’Homme, CNDH), ainsi que des membres de l’Observatoire national des prisons (ONP) à trois reprises, dont la dernière est datée du 21 mai dernier”.
Toujours selon l’administration pénitentiaire, les délégations du CRDH et de l’ONP, aux côtés des responsables de la prison locale d’Ain Sebaâ 1 et du directeur régional de la DGAPR, “ont essayé de le dissuader de poursuivre sa grève de la faim, compte tenu des effets négatifs qu’elle pourrait avoir sur sa santé, mais il a refusé”.
La DGAPR précise en outre que le journaliste a été transféré au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd, “où il a bénéficié d’une série d’examens médicaux et d’analyses de laboratoires au cours desquelles il a été constaté que son état de santé était normal”.
Une version qui contraste avec les informations relayées par les proches et avocats de Soulaimane Raissouni. Le 21 mai, son épouse Kholoud Mokhtari annonçait sur son compte Twitter que le linceul du journaliste était prêt et que sa maison était ouverte pour recevoir les condoléances. Une manière d’alerter sur l’état de santé préoccupant de son mari.
44 jours de la grève de la faim. Le linceul de @FreeRaissouni Soulaiman, l’homme instruit , l’audacieux, le journaliste professionnel, et qui toujours été l’un des soldats qui défendent la liberté d’expression. est pret.
sa maison est ouverte pour recevoir les condoléances. pic.twitter.com/gOwFjEe8wJ
— Kholoud Mokhtari (@KholoudMokhtar5) May 21, 2021
Pour rappel, Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef du quotidien Akhbar Al Youm — fermé depuis le 14 mars dernier — est en détention préventive depuis plus d’un an. Le 22 mai 2020, le journaliste de 48 ans est interpellé devant son domicile, avant d’être présenté le dimanche suivant devant le procureur général de Casablanca.
Déféré devant le juge d’instruction de la Cour d’appel de la métropole, Soulaimane Raissouni est placé en détention préventive pour “les besoins d’une enquête sur des faits présumés d’attentat à la pudeur avec violence et séquestration”.
Urgent! Le journaliste @FreeRaissouni est dans un état de santé critique, il a perdu 31 kg. @ONUMaroc @CPJMENA @hrw @POMED @AmnestyMENA #JournalismIsNotACrime pic.twitter.com/6zIK9AcgEH
— Kholoud Mokhtari (@KholoudMokhtar5) May 24, 2021
Depuis le début de sa grève de la faim, le journaliste a perdu plus de 22 kg en raison d’une carence en potassium et d’une forte augmentation de sa pression sanguine. Une campagne a été lancée sur les réseaux sociaux, baptisée #Sauvez_Soulaimane, appelant à la libération du journaliste.