Présidentielles: Un candidat charge une nouvelle fois le Maroc et exige des "excuses solennelles"

Le candidat à la présidentielle algérienne Abdelmadjid Tebboune a, une nouvelle fois, chargé le Maroc, lui imputant la fermeture des frontières toujours en vigueur depuis 1994. L’homme demande des excuses “solennelles” du Maroc suite à l’expulsion de ressortissants algériens sans visa en 1994, en grande partie responsable du gel des relations.

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Abdelmadjid Tebboune Le nouveau président algérien. Crédit: Ryad Kramdi/AFP

Abdelmadjid Tebboune ne mâche pas ses mots et récidive. Le candidat à la présidentielle algérienne du 12 décembre prochain s’est une nouvelle fois exprimé sur le Maroc, dimanche 24 novembre, en des termes peu diplomatiques. Interrogé en conférence de presse, l’ancien ministre de la Communication sous l’ère Bouteflika a exigé des excuses du royaume au moment d’évoquer l’attentat de l’hôtel Atlas-Asni de Marrakech, en 1994.

Le lobby qui tient les rênes du royaume a accusé l’Algérie et a décidé d’entamer un blocus sur le pays”, a déclaré le candidat âgé de 73 ans, haut-fonctionnaire ayant été nommé plusieurs fois wali. Un événement survenu il y a plus de 25 ans et directement responsable de la crise diplomatique entre les deux pays voisins, au point d’être l’une des principales raisons de la fermeture des frontières.

“Excuses solennelles”

Fin août 1994, trois Franco-Algériens ouvrent le feu à l’Hôtel Atlas Asni à Marrakech. Deux touristes espagnols vont y laisser la vie. Rapidement, les autorités parviennent à l’arrestation des terroristes, dont certains sont de nationalité algérienne, comme Abdellah Ziyad, accusé d’avoir commandité l’attentat et condamné à huit ans de prison en 1997. S’il subsiste toujours des zones d’ombres, les autorités marocaines croyaient fort à une possible implication des services secrets algériens.

C’est ainsi que le Maroc de Hassan II avait demandé à tous les ressortissants algériens sans carte de séjour de quitter le territoire. Vexée, Alger avait répliqué en ordonnant la fermeture de sa frontière terrestre, cause du gel diplomatique latent depuis. Une condition qui reste sous le signe du statu quo, malgré la suppression de visas, en 2004, pour les ressortissants algériens au Maroc.

Mais Tebboune visiblement n’oublie pas, lui connu pour avoir longtemps campé sur des positions anti-Maroc. Et en attendant une possible ouverture des frontières, le candidat à la présidentielle, au cas où il serait élu, exige “des excuses solennelles de la part du roi du Maroc”. Pour le candidat à la succession de Bouteflika, le roi “doit d’abord faire son mea-culpa aux Algériens”. Une condition sine qua non pour, “peut-être”, évoquer la “possibilité de relancer le dialogue”.

Il évoque alors les “350 000 Algériens”, qui avaient fait les frais de ce déplacement de population. Une confusion du candidat, puisque ce chiffre fait référence aux Marocains expulsés du territoire algérien à l’occasion d’un événement retenu sous le nom de “marche noire”.

Une humiliation

Une déclaration qui pourrait contribuer à brûler le torchon entre les deux pays. Et à Tebboune, visiblement irrité, d’ajouter : “Il ne faut pas travestir la vérité. Je me rappelle, une fois, des jeunes universitaires algériens ont visité le Maroc en tant que touristes. Ils ont été traités tels des terroristes et ils ont été violentés [par les autorités]. C’est scandaleux.

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Le candidat était appelé à clarifier son précédent propos, tenu il y a quelques semaines, sur la possible ouverture de la frontière terrestre. L’homme lige du système Bouteflika, apparatchik de l’Etat, avait répondu, lors de son passage sur la chaîne de télévision privée El Bilad : “Les frontières ont été fermées le jour où le peuple algérien a été humilié”. Et de préciser que cette question “n’a aucun lien avec le Sahara occidental” ni avec le Polisario. Un point qu’il a explicité ce week-end, en imputant la responsabilité de ce froid au Maroc.

 

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