Affaire Clémence Calvin : Deux témoins marocains entrent en scène

Soupçonnée de s'être soustraite à un contrôle antidopage à Marrakech, la marathonienne Clémence Calvin a de nouveau été suspendue par l'agence française antidopage (AFLD) à titre provisoire alors que deux témoins viennent compliquer son affaire.

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Clémence Calvin au Marathon de Paris le 14 avril 2019. Crédit: AFP

Clémence Calvin est accusée d’avoir esquivé un contrôle antidopage à Marrakech le 27 mars dernier. La marathonienne avait déjà été suspendue provisoirement une première fois début avril. La décision a ensuite été cassée par le Conseil d’Etat, l’athlète n’ayant pas été reçue auparavant par l’AFLD. Ceci lui avait permis de courir, et gagner le marathon de Paris il y a deux semaines. Une compétition qu’elle s’est adjugée en 2 h 23 min 41 sec, battant le record de France.

Clémence Calvin a été reçue mardi dernier par la présidente de l’AFLD Dominique Laurent. Les conditions étaient donc réunies pour une nouvelle suspension provisoire, qui lui a été notifiée la semaine dernière, en attendant l’instruction du dossier.

L’athlète dénonce de son côté des violences de la part du directeur des contrôles de l’AFLD, Damien Ressiot, et assure que les contrôleurs ne s’étaient pas présentés comme tels à Marrakech. Des allégations niées en bloc par les intéressés. L’athlète a porté plainte pour “violences et menaces”, il y a trois semaines au Maroc.

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Des témoins qui risquent de tout changer

Si Clémence Calvin clame son innocence, les deux nouveaux témoignages diffusés ce dimanche sur France 2 ne plaideront pas en sa faveur. Le logeur présumé de l’athlète dément l’avoir hébergée. “Je ne “ai jamais vue, il n’y a que moi et mes enfants à la maison. Si une seule personne étrangère habitait chez moi, tous les voisins le sauraient”, a-t-il déclaré par visioconférence lors de l’émission Stade 2.

Le second témoin, qui vient d’entrer en scène, n’est autre que le gérant de la salle de sport où s’entraînait Clémence Calvin. “Les étrangers (les personnes chargées du contrôle antidopage, NDLR) voulaient voir la salle, ils étaient accompagnés de la femme, l’athlète (Clémence Calvin, NDLR). Elle est entrée, ils sont descendus. J’ai baissé la tête. En la relevant, je les ai vu courir”, a-t-il affirmé avant d’expliquer que l’athlète française avait “confié son enfant à une autre personne qui s’est éclipsée dans la rue”.

Le gérant, qui ne parle pas français selon France 2, évoque aussi deux autres personnes : “un Marocain et un Français qui parle darija et portait des lunettes”. À en croire sa version, les deux hommes seraient venus le voir dans les jours qui ont suivi pour lui demander de dire qu’il n’avait “rien vu”.

Un communiqué en guise de défense

Depuis la conférence de presse qu’elle a tenue le 10 avril dernier, Clémence Calvin n’a jamais changé sa version des faits. Convaincue de son innocence, l’athlète française estime que son affaire est entre les mains des « juridictions marocaines compétentes« . Dans un communiqué, elle invite les témoins à attester judiciairement leurs propos.

Au-delà des approximations et des questions que soulèvent ce reportage et ces témoignages anonymes, je réclame depuis déjà de nombreuses semaines que toute la vérité et la lumière soient faites sur les conditions de mon interpellation au Maroc le 27 mars dernier”, explique Clémence Calvin. “Je rappelle à ce titre que j’ai porté plainte pénalement au Maroc, et que cette plainte fait l’objet d’une instruction auprès des juridictions marocaines compétentes. Tous les éléments pouvant et devant concourir à la manifestation de la vérité doivent être produits dans le cadre de cette procédure et j’invite donc les personnes ayant témoigné, encore une fois de façon anonyme, au cours de ce reportage à attester judiciairement des propos qu’ils tiennent dans ce documentaire”.

Cet incident avait éclaboussé le Maroc en entachant l’image du sport marocain il y a 20 jours. Suite au contrôle manqué de Clémence Calvin, Le Monde avait publié une enquête dans laquelle la ville d’Ifrane (lieu du stage de l’athlète suspendue) est décrite comme la “plaque tournante du dopage”. Dans la foulée, la fédération française d’athlétisme a annulé un stage de préparation prévu au cours de ce mois, dans la même ville.

Des accusations démenties par Abdeslam Ahizoune, président de la fédération marocaine d’athlétisme, qui estimait que le lynchage du Maroc dans cette affaire n’était rien de plus qu’une “diversion”.