Affaire Khashoggi: Erdogan veut que les suspects "soient jugés à Istanbul"

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé mardi que toutes les personnes impliquées dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, y compris les commanditaires, devaient être punies.

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Le président turc Reccep Tayyip Erdogan lors d'une intervention devant le parlement turc le 16 octobre. Crédit: AFP

« La conscience internationale ne sera apaisée que lorsque toutes les personnes impliquées, des exécutants aux commanditaires, auront été punies« , a déclaré M. Erdogan, proposant que 18 suspects arrêtés en Arabie « soient jugés à Istanbul« . « En reconnaissant le meurtre, le gouvernement saoudien a fait un pas important. Ce que nous attendons de lui, maintenant, c’est qu’il mette au jour les responsabilités de chacun dans cette affaire, du sommet à la base, et qu’il les traduise en justice« , a-t-il dit.

Dans ce discours prononcé devant le groupe parlementaire de son parti à Ankara, M. Erdogan a affirmé que le meurtre de Khashoggi le 2 octobre avait été « planifié » plusieurs jours à l’avance, contredisant la version saoudienne faisant état d’une rixe ayant mal tourné. « A ce stade, tous les éléments et preuves qui ont été découverts indiquent que Jamal Khashoggi a été victime d’un meurtre sauvage« , a insisté le président turc lors de cette intervention qui a suscité un grand intérêt à travers le monde.

Après avoir fait un bref point sur l’enquête, M. Erdogan a énuméré plusieurs questions qui restent selon lui sans réponse. « Pourquoi le corps (de Khashoggi) est-il toujours introuvable?« , a notamment demandé le président turc, exigeant en outre de savoir « qui a donné les ordres » aux tueurs.

Le chef de l’Etat a par ailleurs déclaré que 15 agents saoudiens arrivés séparément à Istanbul s’étaient retrouvés au consulat le matin du meurtre du journaliste pour « arracher le disque dur du système de vidéosurveillance » de la représentation diplomatique. Il a également indiqué que certains de ces agents avaient effectué « des repérages » dans une forêt proche d’Istanbul, ainsi qu’à Yalova, une ville du nord-ouest de la Turquie.

M. Erdogan n’a toutefois pas précisé sur quels éléments il basait ses affirmations, ne mentionnant à aucun moment d’éventuels enregistrements audio ou vidéo dont la presse turque et certains responsables turcs font état depuis le début de l’enquête.

Qualifiant le meurtre de Khashoggi d' »assassinat politique« , le président turc a également appelé à inclure d’éventuels « complices » originaires d’autres pays, s' »il y en a« . M. Erdogan, dont le pays entretient des relations complexes avec l’Arabie saoudite, un rival diplomatique mais aussi un important partenaire économique, a paru soucieux d’épargner le roi Salmane.

Il s’est dit « confiant » dans le fait que le roi saoudien coopérerait avec la Turquie dans l’enquête. M. Erdogan n’a à aucun moment fait mention du prince héritier Mohammed ben Salmane, accusé par la presse turque et certains responsables anonymes d’avoir commandité le meurtre.

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