Nigeria: Le président Buhari veut briguer un second mandat en 2019

Le président nigérian Muhammadu Buhari a officiellement annoncé lundi son intention de se présenter pour un second mandat en février 2019, mettant un terme à des mois de spéculations dans la première économie d'Afrique de l'Ouest.

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Muhammadu Buhari Crédit: AFP

Le président Buhari vient d’annoncer son intention d’obtenir l’investiture du All progressive Congress (APC) et de concourir pour un second mandat aux élections de 2019″, a annoncé le compte officiel Twitter de la présidence.

L’ancien général âgé de 75 ans, a fait cette annonce lors d’une réunion de l’APC (au pouvoir) à Abuja, après avoir laissé planer le suspense durant plusieurs mois et alors que de nombreux gouverneurs d’Etats, membres de l’APC, lui ont publiquement affirmé leur soutien récemment. « La victoire est assurée par la grâce de Dieu, et ensemble nous devons continuer à assainir l’environnement politique du Nigeria », a ensuite déclaré Muhammadu Buhari, cité dans un communiqué de la présidence.

Surnommé « Baba go slow » pour sa lenteur à réagir aux crises qui ont secoué le pays depuis trois ans, qu’il s’agisse de récession économique ou de conflits armés, ce Peul originaire du nord musulman va devoir convaincre au-delà de sa région natale, où il reste populaire, qu’il est encore capable de diriger le géant anglophone de 180 millions d’habitants.

Il a effectué fin mars sa première visite officielle à Lagos, poumon économique du Nigeria. Car s’il espère gagner, le président aura besoin du soutien du sud-ouest, dominé par l’un des principaux groupes ethniques, les Yorouba. Pour Cheta Nwanze, du cabinet SBM Intelligence basé à Lagos, sa candidature n’est « pas une surprise » mais cela « va galvaniser beaucoup d’opposition au sein de l’APC ».

« Son principal défi va être de construire un bloc solide au sein de l’APC qui puisse lui assurer (la victoire) sans faire éclater le parti », a ajouté M. Nwanze, joint au téléphone par l’AFP. De nombreuses spéculations couraient au Nigeria sur sa volonté de briguer ou non un second mandat. Le président a passé de longs mois à Londres pour se faire soigner d’une maladie non révélée au public en 2017. Il voyage rarement à l’extérieur de la capitale fédérale, et n’a visité que quelques uns des 36 Etats du Nigeria depuis son élection en 2015.

Alors que le premier producteur de pétrole africain a traversé l’an dernier une récession économique aggravée par la chute des cours du baril, le chef de l’Etat a été largement critiqué pour sa passivité et la rigidité de sa politique monétaire, qui a découragé les investisseurs étrangers.

L’analyste politique nigérian Chris Ngwodo estime que le soutien de l’APC aux primaires du parti, prévues dans la seconde partie de l’année 2018, n’est pas gagné d’avance. « D’autres personnalités ont l’ambition de candidater à la présidentielle, et il y a un réel mécontentement au sein du parti », de nombreux poids lourds estimant avoir été délaissés par l’entourage de M. Buhari après l’avoir soutenu en 2015, explique-t-il à l’AFP.

L’âge et la santé fragile du président sont également des « facteurs de réticence » au sein de l’APC, beaucoup se demandant s’il peut continuer à « gouverner un pays aussi complexe que le Nigeria s’il est gravement malade », selon le politologue. L’ex-général, qui dirigea le pays dans les années 80, avait été élu en 2015 sur la promesse de mettre fin à la corruption endémique dans l’administration et d’écraser l’insurrection jihadiste de Boko Haram qui ravage le nord-est du pays.

Sa réputation de rigueur militaire contrastait avec l’image de politiciens nigérians corrompus et milliardaires quand l’immense majorité de la population vit dans la pauvreté, et l’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour. Son bilan en terme de lutte contre la corruption reste mitigé, les autorités ayant mené de nombreuses arrestations et saisies immobilières visant des personnalités du principal parti d’opposition, le People’s Democratic Party (PDP), au pouvoir de 1999 à 2015.

Les réactions des habitants de Lagos interrogés par l’AFP étaient mitigées. « Buhari ne devrait pas revenir à cause de sa santé défaillante », a déclaré Alfred Nyitse, un chômeur de 30 ans. « L’homme est trop vieux pour le job » D’autres, comme Abdullahi Ali, conducteur de taxi moto, étaient plus enthousiastes: « J’aime beaucoup « Baba ». Mon peuple va encore voter pour lui parce que ce n’est pas un voleur. »

Les principaux défis à venir concernent la situation sécuritaire et le redressement économique, « le revenu du Nigérian moyen ayant diminué de moitié au cours des trois dernières années », selon l’analyste Cheta Nwanze.

Outre Boko Haram et les groupes rebelles actifs dans la région pétrolière du delta du Niger, le futur président devra agir pour mettre fin aux violences intercommunautaires entre éleveurs et agriculteurs pour l’accès à la terre dans le centre du pays, qui ont fait des centaines de morts depuis janvier.

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