Le Bureau exécutif de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) a exprimé son « inquiétude » vis-à-vis de la situation du secteur de la presse écrite ou électronique, « ayant fait de sa crise croissante une question d’existence et une lutte de survie« , précise un communiqué publié ce mardi.
Au lieu d’apporter son appui à la presse nationale et d’honorer ses engagements fixés dans le plan d’urgence, convenu avant la fin du mandat du précédent gouvernement, les autorités publiques, liées par un partenariat stratégique à la FMEJ, ont mis en place une « mesure fiscale dangereuse, absurde et incompréhensible« , indique la Fédération dans un communiqué parvenu, lundi 29 janvier, à la MAP.
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Une mesure « absurde »
La même source explique que les autorités publiques ont élargi à la presse électronique la redevance audiovisuelle payée pour publicité à la télévision, estimant que tous les téléphones, ordinateurs et autres sont également des écrans.
En conséquence, précise la FMEJ, l’éditeur doit mensuellement payer 5% du total de ses revenus publicitaires à la Direction des impôts, avant même qu’il soit payé par le publicitaire, « ce qui porte un coup dur à la presse électronique et rend sa situation plus lamentable que son homologue écrite déjà endeuillée« , déplore la Fédération.
Cette situation intervient au moment où le gouvernement fait fi des géants mondiaux, « Google » et « Facebook » ayant été contraints par plusieurs pays de présenter des contributions estimées à des milliards aux fonds réservés au soutien de leur presse locale, déplore la FMEJ. Ces géants, en plus des médias étrangers, qui ne sont pas inquiétés par cette mesure, sont les premiers bénéficiaires de la publicité en ligne, qui échappe en grande partie aux éditeurs marocains.
Cette dernière note également que « les éditeurs de journaux marocains attendaient une augmentation notable de la subvention publique à la presse dans le cadre du contrat-programme, estimée à 6,5 milliards de centimes (650 millions de dirhams, ndlr), tandis que la France, à titre d’exemple, présente une subvention annuelle de 1500 milliards de centimes à la presse locale (1,5 milliard de dirhams) ».
Dans ce contexte, la Fédération fait également état de la tergiversation dans le traitement d’une revendication pressante pour la création d’un fonds du développement de la lecture, pouvant être la seule voie pour la continuité de la presse au Maroc.
Une loi répressive
Face à ce « danger menaçant » l’existence de la presse, un des piliers de la démocratie, les éditeurs « sont d’autant plus étonnés » du fait que le gouvernement continue d’initier des chantiers pour mettre en place davantage de « lois répressives relatives à la presse« , souligne la même source.
Après avoir adopté un projet de loi en vertu duquel une partie de l’Article 72 du Code de la presse a été transférée au Code pénal sans la consultation des professionnels, ce qui constitue une première depuis des décennies, il a été procédé également à l’annonce du début de l’élaboration d’un autre projet de loi pénalisant la diffusion de fausses nouvelles, communément appelées les fake-news, sachant que l’Article 72 transféré au Code pénal concerne principalement les fake-news, fait savoir la Fédération.
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Alors que la FMEJ contribue au Comité de supervision des élections du Conseil national de la presse -une institution devant respecter les principes déontologiques du métier -et au moment où les éditeurs adhérents au chantier de préservation du métier et au combat visant la mise en place d’une presse nationale professionnelle pluraliste dans des conditions difficiles, le Bureau fédéral exprime son « étonnement face à ce processus de régressions« .
Cette situation, poursuit le communiqué, ne donne pas d’indices de « volonté sincère » pour maintenir un « véritable partenariat » avec les autorités publiques comme convenu en 2005 dans le cadre du contrat-programme et menace des milliers de postes d’emploi dans le secteur en raison de la « confusion » dans la gestion du dossier des médias au Maroc.
Ainsi, le Bureau exécutif de la FMEJ a décidé de consacrer une journée nationale à la presse nationale écrite et électronique, et se réserve « toutes les formes adéquates » pour défendre la continuité d’une « presse indépendante, libre et responsable, en mesure de promouvoir son rôle sociétal, et capable de supporter les charges de production du contenu et de préserver la dignité des journalistes et de l’ensemble du personnel du secteur« , conclut le communiqué.
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