Foot : le Qatar et Al-Khelaïfi dans le collimateur de la justice suisse

L'étau se resserre autour du Qatar: déjà objet d'une enquête de la justice suisse pour la désignation du Mondial-2022, l'émirat est désormais soupçonné de "corruption privée" dans l'attribution des droits médias de plusieurs Coupes du monde, via beIN Media, dirigé par Nasser Al-Khelaïfi, par ailleurs président du PSG.

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Crédit : AFP

Le ministère public de la Confédération (MPC) helvétique a ainsi annoncé jeudi avoir ouvert une enquête le 20 mars 2017, à l’encontre à la fois de Jérôme Valcke, ancien secrétaire général de la Fifa, déjà suspendu 10 ans pour d’autres faits de corruption, et du Qatari Nasser Al-Khelaïfi, PDG de la société beIN Media, « en lien avec l’octroi de droits média pour les Coupes du monde de football ».

Le groupe beIN Media « réfute toutes les accusations portées » par la justice. « Le groupe collaborera pleinement avec les autorités et attend sereinement les suites de l’enquête », poursuit la société dans un communiqué transmis à l’AFP.

Valcke, mis en examen, a quitté libre jeudi soir les bureaux du MPC à Berne. Il déclare dans L’Equipe de vendredi n’avoir « rien reçu de Nasser »: « il n’y a jamais eu d’échange entre Nasser et moi. Jamais ». L’épouse de Jérôme Valcke, qui l’accompagnait en Suisse, « a également été entendue par les enquêteurs mais à Lausanne », a-t-on appris d’une autre source judiciaire. Le couple Valcke devait rejoindre Barcelone jeudi soir où il est désormais domicilié, a précisé Me Ceccaldi. Une troisième personne, un homme d’affaires « actif dans le domaine des droits sportifs », est également visée mais le MPC n’a pas communiqué son identité.

L’enquête a été ouverte pour « soupçon de corruption privée, d’escroquerie, de gestion déloyale et de faux dans les titres », a indiqué le MPC, précisant qu’une opération « coordonnée » a été menée simultanément en France, en Grèce, en Italie et en Espagne, dans le cadre de cette procédure.

Les bureaux parisiens de la chaîne de télévision qatarie beIN Sports ont ainsi été perquisitionnés jeudi, a annoncé le parquet national financier (PNF) français. Le PDG du groupe, Nasser Al-Khelaïfi, occupe également le poste de président du Paris SG, qui appartient depuis 2011 au fonds d’investissement qatari QSI.

Jérôme Valcke, 57 ans, est soupçonné d’avoir « accepté des avantages indus en lien avec l’octroi de droits média dans certains pays de la part d’un homme d’affaires dans le domaine des droits sportifs en ce qui concerne les Coupes du monde de football de la Fifa de 2018, 2022, 2026 et 2030, et de la part de Nasser Al-Khelaïfi en ce qui concerne les Coupes du monde de la Fifa de 2026 et 2030 », a précisé le MPC.

La Coupe du monde 2018 a été octroyée à la Russie et celle de 2022 au Qatar lors d’un double vote du Conseil de la Fifa en 2010. Les éditions 2026 et 2030 n’ont pas encore été attribuées. Depuis 2015, la Fifa est frappée par le plus grand scandale de corruption de son histoire. La justice suisse a ouvert une enquête sur les conditions d’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022, sur lesquelles pèsent de forts soupçons de corruption. Et de nombreux anciens responsables du football mondial ont depuis lors été arrêtés ou ont fait l’objet de demandes d’extradition de la justice américaine. Le procès de plusieurs d’entre eux doit s’ouvrir en novembre devant un tribunal de New York.

De source judiciaire, M. Valcke a été interpellé jeudi matin à la sortie d’un hôtel à Genève. La veille, il avait pris part à une audience devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne, où il contestait sa suspension de 10 ans. Dans ce dossier devant le TAS , il réfute notamment son implication dans une affaire de revente de billets du Mondial-2014. Pour ces faits, le MPC a rappelé que M. Valcke faisait l’objet d’une autre procédure pénale, ouverte en particulier pour soupçon de différents actes de gestion déloyale.

L’ancien directeur du marketing puis secrétaire général de l’instance (2007-2015 pour ce dernier poste) a aussi été accusé par la Fifa d’avoir également utilisé des voyages en jets privés à des fins personnelles. Mercredi, à la sortie de son audience devant le TAS, le Français avait assuré n’avoir « jamais agi contre les intérêts de la Fifa ». « J’ai toujours fait mon job de la meilleure manière possible et j’ai toujours privilégié les intérêts de la Fifa », avait-il déclaré. M. Valcke avait ajouté qu’il ne comptait plus revenir dans le football car « il n’y a plus aucune place pour moi dans ce milieu, non pas parce que je suis dégoûté ou meurtri, mais juste parce qu’un chapitre s’est terminé de manière brutale. Dans la vie il faut savoir tourner la page ».

AFP

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