A la recherche des graffs de Jace, éparpillés dans la médina de Marrakech 

Le street artiste a posé sa patte à Marrakech, après avoir déjà parcouru une vingtaine de pays. Crédit : Théa Ollivier

L’artiste de rue réunionnais Jace a disséminé dans la médina de Marrakech quinze de ses « gouzous », petits personnages orange et sans visage qui se détachent avec humour sur les murs historiques de la cité ocre. 

Jace est revenu au Maroc, trois mois après sa résidence artistique au Jardin rouge à Marrakech, pour le vernissage de l’exposition « Tmecha Fel Medina ». Il s’agit d’un parcours artistique et culturel, en collaboration avec la fondation Montresso, Awaln’art, et l’Institut français de Marrakech. En juillet, le street-artiste tout droit venu de l’île de la Réunion a dessiné quinze fresques murales dans la médina de Marrakech, le long d’un parcours hors des sentiers battus.

L’exposition Dar Moulay Ali, la Maison de la France à Marrakech, présente une série de photos sur le projet, ainsi que des dessins sur des cartons et cartes géographiques. Le but est d’inviter les visiteurs à partir à la recherche des « gouzous » dans les ruelles de la médina, ces personnages jaune-orange sans visage, ni pieds, ni mains qui sont la marque de fabrique du graffeur à notoriété internationale. L’artiste a en effet reproduit ses fameux personnages dans une vingtaine de pays à travers le monde.

Après plus de 28 ans de travail à main levée, muni de ses bombes, Jace s’est inspiré des lieux, des légendes urbaines et de ses rencontres dans la médina avant de faire ses graffs, autorisés par la mairie et de la wilaya de Marrakech. « Je me suis freiné sur quelques dessins, mais je suis resté dans mon univers« , témoigne le street-artiste qui, nous précise avoir par exemple évité les dessins de danseuses du ventre. Toujours est-il que ses « gouzous » sont parfois moqueurs, amoureux, critiques ou drôles, mais toujours pertinents. Explication d’une sélection de ses graffs par l’artiste avec qui nous avons fait le parcours.

Un thé dans le mellah

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« Pour chaque mur où nous avions les autorisations, nous sommes allés demander aux habitants de nous raconter des histoires. Ici, on est sur le mur de la synagogue du mellah de Marrakech et le responsable Jacky Kadocch nous a montré les photos à l’intérieur du monument religieux, dont une photo d’époque d’un juif et d’un musulman qui prennent le thé. Cela m’a inspiré. L’idée était de rester dans une thématique religieuse avec une volonté de paix et de tolérance. »

Tapis volant

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« En trois mois, ce graff s’est bien dégradé et a mal vieilli… Cela fait partie des règles de la peinture de rue, c’est éphémère. C’était couru d’avance vu le support qui n’était pas bon dès le début. »

Jouer avec les murs

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« Ce pont était destiné à traverser la rue entre le palais d’un prince et son jardin. Cela m’a inspiré : j’ai mis des plantes qui débordent des petites fenêtres craquelées qui existent déjà. »

Les forgerons

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« C’est dommage, un vendeur s’est installé devant, mais c’est la vie d’un dessin dans la rue. C’est moi qui ai dessiné la calligraphie arabe que j’ai recopiée d’un modèle que l’on m’a donné. Il est écrit « Fédération des forgerons » puisqu’on est à côté de ce quartier. La semaine prochaine, je fais faire un atelier avec des enfants du quartier pour leur apprendre le graff ».

Roméo & Juliette

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« Juste à côté de ce mur, il y a une salle de mariage. J’ai alors dessiné des amoureux tels Roméo et Juliette à la marocaine, avec une Juliette derrière les barreaux d’une fenêtre. J’étais un peu tendu au moment de graffer, car même si j’avais carte blanche, je ne savais pas si cela allait passer et comment allaient réagir les habitants. »

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