Le groupe jihadiste Etat islamique a revendiqué l’acte dimanche soir mais cette revendication « pose vraiment question, car aucun élément ne relie » l’assaillant à l’EI « à ce stade« , a souligné une source proche de l’enquête. Les deux victimes sont deux cousines de 20 ans et l’une d’elle est originaire de la région lyonnaise (sud-est), selon des sources proches du dossier. L’une faisait ses études de médecine à Marseille et l’autre était venue lui rendre visite pour le weekend.
Alors que la France est confrontée à une menace jihadiste sans précédent depuis 2015, les enquêteurs cherchent à cerner la personnalité et le parcours de l’auteur de l’attaque, perpétrée aux cris d' »Allah Akbar« . Connu depuis 2005 des services de police sous sept identités différentes pour des faits de droit commun, cet étranger en situation irrégulière avait été interpellé vendredi à Lyon (est) pour vol à l’étalage.
« Il a alors présenté un passeport tunisien délivré le 18 novembre 2014 au nom de Ahmed H., né le 9 novembre 1987 à Bizerte en Tunisie« , a indiqué le procureur de Paris François Molins lors d’une conférence de presse. Des investigations sont « en cours pour s’assurer de l’authenticité » du passeport, qu’il n’avait pas sur lui au moment de l’attaque à Marseille.
Pendant sa garde à vue, l’assaillant avait déclaré aux policiers vivre à Lyon, « s’était dit sans domicile fixe et sans emploi autre que des missions non déclarées comme peintre« , « consommateur de drogues dures » et « divorcé« , a poursuivi M. Molins. Il avait été relâché samedi après le classement sans suite de la procédure « pour cause d’infraction insuffisamment caractérisée« , et « les autorités préfectorales locales n’ont pas été en mesure de prendre une mesure d’éloignement à son encontre« , a souligné le procureur.
Alors qu’il était assis sur un banc, l’homme « s’est soudainement levé » en direction d' »une première victime à laquelle il a porté plusieurs coups de couteau avant de partir en courant puis, faisant un mouvement circulaire, il est revenu sur ses pas et a agressé une deuxième victime à qui il a pareillement asséné plusieurs violents coups de couteau » avec une lame de 20 cm, a relaté le procureur.
Une passante a tenté d’intervenir en portant à l’auteur des coups avec un porte-drapeau. L’homme s’est ensuite rué sur une patrouille Sentinelle, avant d’être abattu. « J’ai entendu crier et une personne s’est effondrée« , a raconté dimanche Mélanie Petit, une étudiante de 18 ans qui attendait une correspondance à Saint-Charles.
Le président Emmanuel Macron s’est dit « profondément indigné par cet acte barbare« . La ministre des Armées Florence Parly a salué le « professionnalisme » des militaires qui ont abattu l’agresseur. Ce nouvel attentat intervient deux jours avant le vote à l’Assemblée nationale d’un projet de loi antiterroriste controversé qui vise à transposer dans le droit commun certaines mesures de l’état d’urgence instauré par l’ancien gouvernement socialiste après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts).
Lundi s’ouvre par ailleurs le procès pour complicité du frère de Mohamed Merah, qui avait tué au nom du jihad en mars 2012 sept personnes dont trois enfants d’une école juive à Toulouse (sud-ouest) et dans ses environs. Depuis, la France a été frappée à de multiples reprises, notamment en janvier 2015 (17 morts) contre le journal satirique Charlie Hebdo et une épicerie juive.
Le groupe EI, en pleine déroute en Irak et en Syrie où il avait proclamé un califat en 2014, continue de menacer la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale dans ces deux pays.
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous
Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer