Appartement 182. La famille El Wahabis était au cœur du 21e étage de la Grenfell Tower qui a brûlé le 14 juin. Dans un reportage de la BBC, les cinq membres de la famille décédée dans les flammes qui ont rongé la tour en plein ramadan sont décrits par les voisins comme donnant une dynamique particulière à l’étage. « Je me souviens d’un Noël, Faouzia a frappé à notre porte avec un gros poulet. Elle nous a dit : « C’est pour vous, c’est Noël« , raconte sa voisine portugaise, Andreia Gomes selon la BBC.
Le média britannique a réussi à collecter des informations sur l’identité de cette famille marocaine. Faouzia El Wahabi, 42 ans et bénévole, était mariée à Abdulaziz El Wahabi, 52 ans et portier d’hôpital. Ils habitaient dans l’appartement 182 avec leurs trois enfants, Yassine, Nur Huda et Mehdi, qui avaient entre 8 et 20 ans. C’est juste après la naissance de l’aîné que la famille marocaine avait emménagé dans la Grenfell Tower. Originaire de Larache, le père de famille était arrivé à l’âge de 9 ans au Royaume-Uni, avec ses deux frères et six sœurs. L’une d’entre elles, Hanane Wahabi, habitait elle aussi dans la Grenfell Tower, au 9e étage, dont elle a réussi à sortir vivante le 14 juin.
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Le Maroc à Londres
« Abdulaziz adorait les plantes« , témoigne sa sœur à la BBC. « Il avait toute une rangée de plantes et il était fier d’observer comment elles allaient grandir« . « Cet appartement était leur foyer. C’était comme s’ils avaient pris le Maroc et qu’ils l’avaient mis dans leur appartement », décrit Chris Jones, le beau-frère d’Abdulaziz. La BBC détaille avec précision le foyer familiale. Objets, meubles, tapis, céramiques, miroirs… Tout était directement ramené du Maroc à l’occasion de leurs différents séjours dans le royaume. Des dessins orientaux étaient aussi peints sur les murs. Il y avait même une fontaine électrique miniature avec des carreaux de céramique.
Ceux qui venaient de refaire tout leur appartement étaient fiers de leurs trois enfants. L’aîné, Yassine, étudiait la comptabilité à temps partiels à Greenwich University. « Yassine était un bosseur. Il avait beaucoup d’amis. Tout le monde l’aimait« , témoigne toujours à la BBC Chris Jones. Le jeune homme travaillait aussi comme arbitre lors de tournois de football, mais aussi à Subway et a aidé un de ses oncles sur son stand dans le marché de Portobello, vendant des tapis marocains. Sa jeune sœur de 15 ans, Nur Huda, était brillante à l’école et très bien vue par ses professeurs qui en ont tous souvenir remarquable. Elle était aussi fan de foot. Le petit dernier, Mehdi, 8 ans, était en 3e année à la Oxford Gardens Primary School et était passionné de judo.
La nuit du drame
« Toute la famille mangeait ensemble pour le ftour pendant le ramadan« , raconte la BBC. Seul Yassine était parti un moment pour se rendre à la mosquée avec des amis puis revenir à la maison. Nur Huda était en train de réviser ses examens. Tous ont été bloqués par les flammes et n’ont pas pu s’échapper du 21e étage.
Hanane, soeur du père de famille, s’est enfuie de son étage à 1h20 du matin. Elle passe plusieurs appels pour prendre des nouvelles de la famille à partir de 1h25 raconte avec précision la BBC. A 1h30, « Abdulaziz lui dit qu’il n’a pas réussi à sortir parce que tout était noir et ils luttaient pour respirer à l’extérieur de l’appartement« . Une autre sœur a réussi à parler à Faouzia vers 2h du matin. La mère de famille avait raconté que les services d’urgence avaient conseillé à la famille de se déplacer dans la chambre et de mettre des serviettes sous la porte. Chris Jones et sa femme ont également parlé à Abdulaziz cette nuit-là. « Il nous a dit : ‘Il y a beaucoup de fumée, nous n’allons pas sortir’. Après, c’était tout. Nous avons essayé de sonner et de sonner, mais il n’y avait pas de réponse« , raconte-t-il.
La mort tragique des cinq membres de la famille a touché toute la communauté de l’étage 21. « Je ne peux pas croire que je ne vais plus jamais les revoir« , raconte Andreia Gomes. « Le plus jeune avait l’habitude de sonner à notre porte tous les dimanches pour jouer avec notre benjamine. Elle allait souvent dîner chez eux. Nous les voyions tous les jours, soit les enfants, la mère ou le père. Je pense que je m’attends juste à tomber sur eux dans la rue« .
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La famille portugaise partageait l’étage avec la famille El Wahabi mais aussi une jeune éthiopienne arrivée à l’âge de 15 ans au Royaume-Uni pour demander l’asile politique, un couple de jeunes britanniques, un consultant et un ingénieur et une Philippine arrivée à Londres 45 ans auparavant. « Chaque étage de la tour raconte une histoire – à propos de Londres, de ses habitants, mais aussi au sujet de l’immigration, de la gentrification, de vies vécues et tragiquement perdues. C’était un microcosme de la vie dans la capitale« , résume la BBC.
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