Le point d’orgue du Congrès sera l’élection à partir de vendredi de ses instances dirigeantes, le Conseil révolutionnaire — 80 membres élus et une quarantaine nommés — et le Comité central — 18 membres élus et quatre nommés par le président.
Ses résultats donneront une idée du poids politique des différents courants au sein du Fatah, en proie à des divisions internes et au sein duquel M. Abbas tente d’écarter les voix dissonantes, notamment les partisans de Mohammed Dahlane, le principal opposant au président qui vit en exil aux Emirats arabes unis, affirment des analystes.
Pour Jibril Rajoub, membre du Comité central venu des services de sécurité et désormais très actif patron du sport palestinien, ce Congrès doit avant tout permettre de revoir de fond en comble l’organisation du mouvement, fondé en 1959. « Le système des années 1960 ne marche plus en 2016 », affirme-t-il à l’AFP. « Il faut prendre en compte les circonstances actuelles: le système a été créé lorsque nous étions en diaspora et nous sommes maintenant sur le sol national, il a été mis en place pour une étape révolutionnaire, maintenant nous avons un Etat », avance-t-il encore.
Ces élections permettront de « choisir des dirigeants pour la prochaine étape », explique à l’AFP Saëb Erakat, numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui sera candidat pour un nouveau mandat au sein du Comité central, selon une source proche. Une prochaine étape qui s’annonce compliquée alors que le processus de paix est au point mort depuis des années, que la question palestinienne a été reléguée à l’arrière-plan diplomatique par les autres crises régionales et que la division entre l’Autorité palestinienne qui contrôle la Cisjordanie et le Hamas islamiste qui tient la bande de Gaza empêche la tenue d’élections depuis dix ans.
Lors de son discours d’ouverture prévu à 18H00 (16H00 GMT) M. Abbas, 81 ans et artisan des accords d’Oslo signés en 1993 avec Israël, devrait aborder toutes ces questions. Ces accords devaient en effet conduire à la création d’un Etat palestinien qui se fait toujours attendre.
Le Fatah est la « colonne vertébrale » de l’OLP, l’entité reconnue internationalement comme représentant les Palestiniens, rappelle Wassel Abou Youssef, membre de la direction de l’OLP issu du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche historique). Tout changement au sein de ce parti aura donc une incidence sur l’OLP, instance la plus importante pour les Palestiniens puisque c’est elle qui chapeaute l’Autorité palestinienne, l’entité intérimaire, qui perdure faute d’Etat.
Douze autres mouvements font partie de l’OLP, mais le Fatah reste le principal décisionnaire dans cette institution que le Hamas et le Jihad islamique, les deux puissantes forces islamistes à Gaza, n’ont jamais rejointe.
L’objectif du Congrès, explique Mahmoud Abou al-Hija, porte-parole du Fatah, est de déterminer « que faire » face à « l’horizon politique bouché et l’impasse des négociations ». Le Fatah évoquera ainsi, assure-t-il, les différentes initiatives de paix portées par la France ou les pays arabes et la possible saisie du Conseil de sécurité de l’ONU face à la colonisation israélienne qui grignote chaque jour du terrain dans les Territoires occupés.
Depuis plusieurs jours, les préparatifs vont bon train au siège de la présidence palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie, petit territoire palestinien occupé depuis près d’un demi-siècle par Israël. Des tentes ont été installées aux abords du complexe où des policiers ont été déployés en masse pour accueillir les 1.400 membres du Congrès, venus de Cisjordanie, de Gaza et de l’étranger.
Israël contrôle toutes les frontières des Territoires palestiniens, à l’exception de la frontière sud de la bande de Gaza avec l’Egypte. L’Etat hébreu a refusé le passage à des dizaines de membres du Fatah qui devaient partir de Gaza, selon M. Abou al-Hija, sans en préciser les raisons. Sollicitées, les autorités israéliennes, qui invoquent généralement des raisons de sécurité, n’ont pas répondu à l’AFP.
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