Proposée par l’Union européenne, la création d’un quota devrait, sauf coup de théâtre, être votée ce 21 novembre, par les participants à la 20e réunion extraordinaire de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta), réunis depuis lundi à Vilamoura, au Portugal, selon plusieurs participants.
La Cicta, qui compte 51 membres (50 pays + l’UE) est responsable de la conservation des thons et espèces apparentées dans l’océan Atlantique et en Méditerranée.
D’ultimes tractations ont été menées dimanche, avant une adoption qui devrait intervenir en session plénière lundi, au dernier jour de la réunion.
Selon la dernière mouture de la proposition de l’Union européenne, pour l’année 2017, le quota serait fixé à 10 ,500 tonnes.
Selon l’ONG Oceana, la population d’espadon a chuté de 70% en 30 ans en raison de la surpêche. Et 70% des poissons capturés sont des juvéniles (moins de trois ans), c’est-à-dire pas arrivés à maturité pour se reproduire, précise le WWF.
Un plan de reconstitution sur 15 ans (2017-2031) proposé par l’UE prévoit que le quota serait ensuite réduit de 3% par an, de 2018 à 2022. Le Comité scientifique de la Cicta devrait effectuer une nouvelle évaluation du stock en 2019. Sur la base de ses conclusions, le quota serait rééxaminé d’ici à fin 2019. Un « groupe de travail spécifique » devrait se réunir début 2017 pour définir un schéma de répartition du quota entre les différents pays pêcheurs.
L’Italie est le principal pays pêcheur (45% des prises), suivie du Maroc (14%), de l’Espagne (13%), de la Grèce (10%) et de la Tunisie (7%). Selon le Comité scientifique de la Cicta, après un pic de 23.365 tonnes en 1988, les volumes d’espadon pêchés et déclarés ont baissé, fluctuant entre 12.000 et 16.000 tonnes jusqu’en 2011. Ces dernières années (2012-2015), ils se sont stabilisés à quelque 10.000 tonnes.
Selon la Cicta, cette stabilisation s’explique notamment par l’instauration de trois mois d’interdiction de pêche par an. Un quota de 10.500 tonnes en 2017, « ce n’est pas très ambitieux », déplore Alessandro Buzzi, du WWF. Il se félicite cependant de ce « premier pas dans la bonne direction, sur un long chemin. » Pour Ilaria Vielmini, aussi, de l’ONG Oceana, « c’est un premier pas », même s’il reste en deça des recommandations du Comité scientifique qui préconise une « réduction substantielle » des prises.
« Les ONG considèrent que cette mesure est nécessaire, mais je veux un rapport scientifique qui le prouve », a réagi Gérard Romiti, président du Comité national des pêches maritimes français. Surtout, dit-il, « il faut englober toute la rive sud de la Méditerranée, du Bosphore à Tanger », dont les pays ne sont pas toujours d’aussi bons élève que l’Europe dans l’application des décisions de la Cicta.
Selon Oceana, en raison d’une forte demande, le marché de l’espadon méditerranéen est passablement opaque, avec un manque criant de traçabilité.
« Les membres de la Cicta ne peuvent pas nier que cette pêche est complètement hors de contrôle », affirme le directeur d’Oceana pour l’Europe, Lasse Gustavsson, cité dans un communiqué.
Selon l’ONG, pour faire face à la demande, « l’Italie doit importer quatre fois plus (16.363 tonnes) d’espadon frais que le volume qu’elle capture elle-même et dépend largement des exportations » de l’Espagne, qui elle-même importe de l’espadon du Maroc.
Or « il n’est pas clair si les poissons exportés proviennent de l’Atlantique ou de la Méditerranée », relève l’ONG. Selon elle, de 2007 à 2011, les exportations d’espadons du Maroc « dépassaient ses prises de 185 tonnes en moyenne ».
La Cicta devrait par ailleurs reconduire lundi les quotas de thon rouge fixés pour trois ans en 2014, en accordant une petite rallonge à l’Algérie, selon des sources concordantes.
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