« Harmoniser la lutte contre les changements climatiques » et « concrétiser les projets régionaux et transnationaux structurants ». Ce sont, en somme, les principaux points déclinés dans le discours de Mohammed VI, prononcé devant 50 chefs d’État et de délégation africains réunis à son initiative, ce 16 novembre à Marrakech, en marge de la COP22.
Le souverain a noté, dans son allocution, une « disparité de cultures en matière d’environnement » entre les pays du Sud et du Nord, qu’il convient de pallier en « unifiant l’éducation à l’environnement ». Un chantier auquel va s’atteler le Maroc durant sa présidence de la COP. Le roi espère un continent qui « utilise ses ressources de manière optimale » en respectant « les équilibres environnementaux et sociaux ».
Le monarque rappelle que le « temps de la colonisation est révolu », que les « acteurs ne manquent pas de force d’engagement, ni de bonne volonté, mais qu’il leur arrive de manquer de moyens ». Le continent africain, affirme le roi Mohammed VI, « paie un lourd tribut dans l’équation ‘climat’ ». Et de citer les fléaux qui menacent l’Afrique, comme la hausse des températures, le dérèglement des saisons et « les sécheresses à répétition qui appauvrissent la biodiversité ». Le continent compte ainsi 10 millions de réfugiés climatiques et devrait dénombrer 60 millions de déplacés du fait de la rareté de l’eau « si rien n’est entrepris », alerte le monarque. Cela constitue un « concentré de toutes les vulnérabilités » alors que l’Afrique n’émet « que 4 % des gaz à effet de serre. »
Mohammed VI rappelle que l’Afrique perd chaque année 4 millions d’hectares de forêt, soit deux fois plus que la moyenne mondiale. Aussi, 94 % de la superficie du lac Tchad « a été perdue » et « les rendements agricoles du continent pourraient baisser de 20 % en 2050 » alors que la population aura doublé. Près du tiers des infrastructures côtières serait submergé, a-t-il ajouté, évoquant également les « épidémies d’origine hydrique » qui ne peuvent être éradiquées que si des infrastructures de traitement des eaux usées sont créées. Enfin, le roi mentionne que la dégradation des terres et des ressources naturelles « pourrait continuer à représenter la cause principale, de la majorité des conflits transnationaux en Afrique. »
Pour relever ces défis, le souverain trace une feuille de route devant prendre en compte quatre impératifs :
- Déterminer les mesures d’accès aux financements nécessaires, afin d’organiser les efforts d’adaptation du Continent;
- Identifier les mécanismes à mettre en place visant à soutenir la mise en œuvre de programmes phares;
- Renforcer les capacités institutionnelles du continent;
- Saisir les opportunités et étudier les implications qu’offre un développement sobre en carbone, dans les domaines de l’énergie, de l’innovation technologique, ou encore, des métiers « verts ».
Par ailleurs, le souverain s’est réjoui du « remarquable dynamisme » dont font preuve les acteurs africains. Il a promis d’apporter un « appui politique » et de « mobiliser les moyens et compétences nécessaires » pour les initiatives que lanceront les pays du continent. De plus, le roi veut mettre le « savoir-faire » du Maroc en matière d’énergie renouvelable à la « disposition de ses partenaires ». Le Maroc va également animer un « réseau africain d’expertise climatique » à partir du centre de compétences en changements climatiques installé au Maroc. Concernant les financements, le royaume veut aussi aller au-delà de l’enveloppe prévue à partir de 2020 par l’accord de Paris, en diversifiant les montages financiers. A ce titre, il encourage l’implication des fonds souverains, afin de développer les infrastructures vertes en Afrique.
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