La COP22 sera celle de l’action, ne cesse de répéter le Maroc. C’est ce que le Royaume vient de prouver en ouvrant le bal des annonces concrètes, ce 16 novembre, avec la création d’un fonds souverain nommé Ithmar Capital. Comme révélé par TelQuel en octobre, Ithmar Capital est né de la reconversion du Fonds marocain de développement touristique (FMDT), dont le champ d’action a été élargi à tous les secteurs productifs. Cette reconversion a été faite dans la discrétion pour réserver l’annonce à la COP22.
Aujourd’hui, le Maroc présente son nouvel outil d’investissement comme « une structure financière qui vise à accompagner les stratégies sectorielles nationales, et se positionne comme un fonds stratégique qui vise à encourager les partenariats entre les entreprises privées et les institutions gouvernementales nationales et internationales ». Financé par l’État et le fonds Hassan II, Ithmar Capital a été conçu selon un modèle de fonds souverain « afin de bénéficier des meilleures pratiques de gestion, de rigueur et de transparence et de fournir le confort nécessaire aux partenaires internationaux désirant investir au Maroc ».
Comme tout fonds d’investissement, Ithmar Capital va prendre part dans des participations stratégiques, financer des projets socio-économiques et stimuler la croissance du royaume. Il aura la charge de lever du financement à l’international et de jouer un rôle de catalyseur en matière d’investissement afin d’alléger le budget de l’État. « Ce fonds, qui se positionne en tant que sponsor de projets émanant de l’État, permettra d’orienter l’investissement vers les chantiers prioritaires, qui nécessitent de lever du financement auprès de bailleurs de fonds étrangers et d’engager des co-investissements dans les projets stratégiques, que l’État souhaite engager à long terme ».
Outil de diplomatie économique
Pour le Maroc, Ithmar Capital est également un outil de diplomatie économique. Le fonds souverain marocain « permettra d’engager des projets de collaboration économiques, qui permettront de renforcer les relations de partenariats diplomatiques existantes », est-il affirmé dans le communiqué publié à l’occasion de l’annonce. Et d’ajouter par ailleurs que l’intérêt manifesté par les investisseurs internationaux pour l’Afrique « a suscité la dimension continentale d’Ithmar Capital. Le fonds d’investissement souverain du Maroc porte aujourd’hui une grande attention au dynamisme des pays africains, et se place désormais comme ‘une porte d’entrée’ des investissements institutionnels dans le continent ». Ithmar Capital aura donc la mission d’accompagner « financièrement » la politique africaine du royaume en attirant et orientant les investisseurs étrangers vers l’Afrique, permettant ainsi de drainer des flux de capitaux dans des projets structurants à forte valeur ajoutée.
Un nouveau fonds avec la banque mondiale
Dès son lancement, Ithmar Capital passe aux choses sérieuses. Il annonce lors du Sommet de la Finance qui s’est tenu en marge de la COP22 un partenariat stratégique avec la Banque mondiale pour la création du Green Growth Infrastructure Facility Africa. Il s’agit de la première plate-forme d’investissement vert dédiée au continent africain. « A la différence des fonds pour le climat créés à ce jour, financés ou subventionnés par les États, le GGIFA sera structuré comme un fonds de private equity », expliquent les deux partenaires. Dans la continuité de l’action du Maroc vers l’Afrique, GGIF Afrique « représente une initiative hautement symbolique de diplomatie économique envoyée pour soutenir l’Afrique ».
Ainsi, le GGIF Afrique a pour objectif de catalyser la transition en Afrique vers une économie verte en soutenant « une croissance inclusive, efficace et à faible émission de carbone, dans les limites écologiques de la planète, un meilleur accès aux énergies et l’implémentation d’infrastructures productives d’énergies propres, le transport et la logistique à faible intensité de carbone, y compris les NTIC et l’utilisation et la répartition efficace des ressources hydraulique ».
Le potentiel est d’ailleurs énorme. L’Afrique n’a installé que 1 000 MW alors qu’elle a un besoin annuel de 7 000 MW de production d’électricité. Moins de 5 % des terres agricoles sont irriguées et moins de 10 % du potentiel hydroélectrique a été exploité et seulement 58 % des Africains ont accès à de l’eau potable. A son échelle, le GGIF Afrique « contribuera à combler le déficit de financement de projets, permettant aux pays africains les plus vulnérables de construire des infrastructures résilientes et de s’adapter à des sécheresses de plus en plus longues, des tempêtes récurrentes et des inondations toujours plus sévères ». GGIF Afrique ambitionne de palier le manque de financement qui permettra de concrétiser ces projets d’infrastructures et donner un coup de fouet au développement du continent car, comme le précise si bien Ithmar Capital et la banque mondiale, « nul processus de développement efficace ne pourra s’enclencher sans ressources financières ».
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