Le procureur général révèle les premiers résultats de l'enquête sur la mort de Mouhcine Fikri

Le procureur général d'Al Hoceima a décidé de déférer devant le juge d’instruction 11 personnes pour faux en écriture publique et homicide involontaire suite à l'enquête sur la mort de Mouhcine Fikri.

Par

Crédit : Yassine Toumi / TELQUEL

Les premiers détails sur la tragique mort de Mouhcine Fikri ont été révélés par la justice d’Al Hoceima, et les premières décisions ont été prises. Le procureur général du roi près la Cour d’appel d’Al Hoceima a décidé de déférer devant le juge d’instruction onze personnes, dont deux agents d’autorité, le délégué de la pêche maritime, le chef de service de la délégation de la pêche maritime, le médecin chef du service de la médecine vétérinaire, pour faux en écriture publique et homicide involontaire suite au décès du défunt Mouhcine Fikri. C’est ce qui ressort d’un communiqué publié par le procureur général le 1 novembre, qui précise que la décision de déférer ces onze individus fait suite à la réception du procès verbal de l’enquête, dans lequel plus de 20 personnes ont été auditionnées, et contenant les résultats de plusieurs constations et confrontations qui ont duré tout au long de la garde à vue (72 heures après prolongation). Le procureur général du roi a, par ailleurs, chargé la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), dont le siège est à Casablanca, de diligenter une investigation approfondie sur les circonstances du décès du défunt marchand de poisson.

D’après les éléments de l’enquête, Mouhcine Fikri avait acheté de certains pécheurs du port d’Al Hoceima près de 500 kilogrammes d’espadon, interdit de pêche durant la période allant du 1er octobre au 30 novembre de chaque année en vertu de l’arrêté du ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime n°1176-13 du 8 avril 2013, indique le communiqué.

Lire aussi: À Al-Hoceima, un sit-in en mémoire de Mouhcine Fikri se transforme en marche

Infraction à la loi

Mouhcine Fikri « avait chargé une personne de transporter cette quantité à bord d’un véhicule de transport, qui n’a pas fait l’objet de contrôle à son départ du port » ce qui a amené un élément de la police, qui assurait la permanence, à en informer les services de sécurité concernés qui ont arrêté le véhicule au niveau de l’avenue Tarik Ibn Ziad, souligne le communiqué.

Après l’arrivée du représentant de la délégation de la pêche maritime, il a constaté des « infractions à la loi réglementant la pêche maritime », précise le communiqué, notant que suite à cette constatation les services de la police judiciaire ont informé le parquet général, qui a ordonné de remettre le conducteur et les poissons saisis au délégué de la pêche maritime pour prendre les mesures légales requises à cet effet. Pour sa part, le vétérinaire a indiqué, d’après le communiqué, que les poissons sont « impropres à la consommation » pour absence de document attestant de leur origine ce qui nécessite leur destruction.

Faux en écriture publique

La commission, composée du délégué de la pêche maritime, du chef de service de la pêche maritime, du médecin vétérinaire et du représentant de l’autorité locale a fait appel, pour effectuer l’opération de destruction, à un camion de ramassage d’ordures, dont un responsable a exigé un ordre de destruction avant de transporter la quantité de poissons saisie. La commission a, ensuite, rédigé un procès verbal de destruction des poissons saisis avant d’effectuer cette opération, dont l’original a été remis au représentant de la société, ce qui constitue, du point de vue du parquet général, un faux en écriture publique.

Alors que les services de la société étaient en train de charger les poissons dans le camion de ramassage d’ordures à partir du véhicule saisi, le conducteur du camion a reçu un signal d’un ouvrier de la société pour alimenter la benne tasseuse en électricité. Le défunt Mouhcine Fikri est monté avec plusieurs personnes à l’arrière du camion de ramassage d’ordures afin d’empêcher que les poissons n’y soient chargés. Et c’est à ce moment là que la benne tasseuse s’est mise en marche suite à l’actionnement de l’appareil se trouvant à droite de la partie arrière, provoquant ainsi la mort du défunt Mouhcine Fikri.

Lire aussi: Mouhcine Fikri : Plusieurs milliers de manifestants Al Hoceima

Homicide involontaire

La benne tasseuse, qui se trouve à la partie arrière du camion, est mise en marche après son alimentation en électricité via un bouton situé dans la cabine de pilotage par le conducteur et en actionnant un appareil automatique situé dans la partie arrière du camion, souligne le communiqué.

L’investigation effectuée ne mentionne « l’émission d’aucun ordre d’agression de la victime par une partie quelconque ». A travers l’examen des détails de l’événement et des dépositions des parties, le Parquet général a estimé que les actes commis revêtent le caractère d’un homicide involontaire. La justice, qui examinera l’affaire, en décidera conformément à la loi. C’est dans ce sens que le parquet général poursuivra l’enquête sur les infractions en relation avec la pêche maritime qui pourraient engendrer des poursuites ultérieures en cas d’existence de preuves.

 

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer