Casablanca: Des sols affaissés dans des immeubles d’Addoha à El Oulfa

Les dallages affaissés et l'humidité constatée dans des appartements d'une résidence Addoha à El Oulfa inquiètent les habitants. Le promoteur infirme toute responsabilité.

Par et

Crédit AIC Presse

Des habitants d’Al Yassamine R5 sont angoissés et se sentent abandonnés à leur propre sort. C’est le sentiment général manifesté lorsque l’on quitte cette résidence située dans le quartier Zoubair à El Oulfa, dans le sud de Casablanca. Si la quasi-totalité des vingt-deux immeubles sont touchés par les fissures, deux d’entre eux, abritant une quarantaine d’habitations, présentent des affaissements du sol.

En bas des escaliers : un trou

Chaouki Younes, syndic d’un immeuble de la résidence, nous accueille sur les lieux le 15 juillet. D’emblée, on constate un immense trou, des amas de gravats, des fils électriques et de la tuyauterie abîmée, laissée à l’air libre. C’est que trois jours auparavant, le promoteur Addoha était finalement venu pour casser la dalle de béton liant les deux immeubles. Celle-ci, s’affaissait jour après jour, suscitant l’inquiétude des habitants.

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Crédit : AIC Presse

Une nuit d’angoisse

« Nous avons commencé à constater les fissures entre le sol et les immeubles il y a six mois », précise Younes. D’après le syndic, les habitants avaient averti Addoha de cette situation il y a un mois et demi environ, sans que le promoteur ne réagisse dans l’immédiat.

Mais le 8 juillet, les habitants des immeubles R5 64 et 65 ont été témoins d’un incident qui va les mettre en panique. « Face à l’importance de l’affaissement du sol, les compteurs d’eaux ont été décalés des conduits d’eau, ce qui a transformé la petite fuite d’eau déjà existante en une autre plus énorme », nous raconte Ito Faska, une habitante. Pendant plusieurs heures, les habitants ont essayé d’appeler la Lydec, sans succès, raconte Faska. « Nous n’avons pas pu appeler un plombier vu que c’était les festivités de l’aïd. Ils étaient tous indisponibles », détaille un autre habitant. C’est finalement la protection civile qui est intervenue et a demandé aux habitants de ne pas passer la nuit dans l’immeuble par mesure de précaution.

La dalle enlevé par Addoha après l'affaissement du sol. Crédit AIC Presse
La dalle enlevée par Addoha après l’affaissement du sol. Crédit AIC Presse

D’autres appartements menacés

« Les gens ici ont très peur de ce qui peut arriver. Ils ne se sentent pas en sécurité », nous raconte Chaouki Younes. « Nous nous sentons en danger, toutes nos économies ont été investies dans ces appartements. Nous n’avons nulle part ou aller », nous raconte, remontée, Ito Faska. « Même les marches près des portes, c’est nous qui l’avons bricolées », nous raconte un autre habitant.

Dans cette résidence, chaque immeuble compte environ 40 appartements. D’après ce que nous avons pu constater, les immeubles R5 64 et 65 sont le plus touchés, et deux autres connaissent des débuts d’affaissement de sol.

La responsabilité d’Addoha dégagée ?

Dans un constat amiable daté du 9 juillet qu’Addoha nous a communiqué, signé par son représentant, celui de la Lydec, de la préfecture de Hay Hassani, le président de la commune et le caïd, es parties concernées reconnaissent l’affaissement du sol, les fissures ainsi que la fuite d’eau potable constatés dans les immeubles 64 et 65. Ce document atteste de l’intervention de Lydec afin de réparer le problème de l’eau potable. Le représentant d’Addoha, de son côté, s’engage à réparer « le sol endommagé selon les critères courants de qualité et de sécurité », mais affirme que « la société a livré à la commune les travaux d’équipement depuis environ deux ans ».

Contacté par Telquel.ma, la communication d’Addoha infirme sa responsabilité et nous communique une autre année de livraison : « le groupe n’y est pour rien ni de près ni de loin parce que les appartements ont été livrés il y a cinq ans et qu’il n’y a plus la garantie ».

Un passage qui ne connait pas d'affaissement. Crédit AIC Presse
Un passage qui ne connaît pas d’affaissement. Crédit AIC Presse

Finalement, les signataires proposent d’engager une expertise « du sol endommagé » par un laboratoire reconnu par l’État. D’après les habitants, il s’agit du Laboratoire public d’essais et d’études (LPEE) qui est passé à deux reprises pour faire son expertise avant de rendre ses conclusions. D’ici là, les habitants doivent prendre leur mal en patience. Contacté le 20 juillet, le syndic nous a affirmé que la dalle n’avait toujours pas été reconstruite.

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