Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) s’est autosaisi du sujet de l’économie de la culture. Son avis, adopté le 30 juin, dresse une liste de mesures (plus ou moins précises) à mettre en place par les pouvoirs publics pour soutenir une économie que le conseil considère « dynamique ».
Avant, le CESE dresse les tares du secteur (de la création à la consommation en passant par la production et la distribution) : capital culturel non valorisé et non exploité à l’école, manque d’infrastructures, infrastructures existantes sous-exploitées, création contemporaine non archivée, confusion entre folklore et création artistique de la part des politiques…
Le CESE liste également les problèmes de financement : Allocation de fonds publics et privés souvent insuffisants (0,23 % du budget de l’État alloué à la culture en 2012 contre 0,53 en Algérie et 0,71 en Tunisie), soutiens alloués à des activités éphémères, festivals comme principaux espaces de travail pour les artistes, du fait que les droits d’auteurs ne sont pas suffisamment protégés (le Bureau marocain du droit d’auteur est explicitement pointé du doigt pour manque de transparence).
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Plus de culture à l’école
Pour le CESE, le soutien de l’État est un facteur « vital » pour les acteurs de l’économie culturelle, d’autant plus qu’il s’agit dans la majorité des cas de petites et moyennes entreprises. Ce soutien doit nécessairement passer par une nouvelle politique publique, prenant en compte la question identitaire, le défi du numérique, mais surtout donner la priorité à la culture dans l’éducation et la formation. Le CESE rappelle que l’école devrait davantage être une porte d’entrée vers la culture, véritable service public, mais qu’elle devrait aussi plus former les jeunes aux métiers de la culture.
Plus précisément, le CESE préconise un changement de législation qui favorise ce secteur, l’adoption d’une stratégie nationale en la matière, la création de pôles culturels régionaux (qui prennent en compte les spécificités de chaque région), la lutte contre le piratage et une meilleure protection des droits d’auteur, une fiscalité avantageuse pour inciter l’investissement, le recours à des partenariats publics-privés (PPP).
Diversifier les financements
Au niveau fonctionnel, le conseil recommande également la mise en place d’une agence de la culture et d’un « fonds public et privé de financement multi-sources, afin de soutenir les efforts de financement déployés pour la réussite des mécanismes permettant l’intégration des jeunes par la culture ». Des partenariats qui auraient pour tâche de financer la création d’instituts de formation dans le domaine des beaux-arts, de promouvoir l’exploitation des salles disponibles pour la culture (cafés, centres…), proposer des chèques lecture pour motiver les jeunes…
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Toujours dans l’optique de diversifier les formes de financement, le CESE conseille de recourir au crowdfunding (pour le moment interdit par la loi).
Des festivals plus indépendants
Le Conseil évoque également les festivals marocains. Pour le CESE, est venu le temps de rationaliser leur organisation, et de « cesser de les traiter d’une façon saisonnière ». Le Conseil aimerait qu’ils soient davantage vus comme une occasion d’apprentissage des métiers de la gestion culturelle pour les jeunes. D’après le conseil, l’accent doit être mis sur l’indépendance des organisateurs des festivals.
Le CESE insiste sur l’importance de protéger les acteurs de ce secteur, dont une partie dépend trop largement d’activités saisonnières. Le Conseil préconise l’assurance des conditions permettant à ces personnes d’avoir un accès à la santé, une protection contre la perte de leur emploi.
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