Le roi a nommé Abdelhamid Addou PDG de la Royal air Maroc (RAM) lors du Conseil des ministres qu’il a présidé à Laâyoune le 6 février. Cet ancien directeur de l’ONMT remplace ainsi Driss Benhima, en poste depuis près de dix ans. Si l’on regarde les chiffres, le patron sortant a réussi à assainir les finances de la compagnie nationale et à améliorer la qualité des services, bien que celle-ci soit encore régulièrement critiquée par les passagers. Abdelhamid Addou arrive à la tête d’une entreprise publique employant 3 000 salariés. Quels sont les grands défis qui l’attendent ?
Pérenniser une santé financière fragile
La compagnie est redevenue bénéficiaire (bénéfices net de 160 millions de dirhams et chiffres d’affaires de 14 milliards de dirhams en 2015). L’entreprise a rationalisé ses dépenses (meilleure productivité, diminution de la masse salariale, densification des vols…). Mais pour Driss Benhima, cet équilibre est encore fragile. Dans une récente interview accordée à Jeune Afrique, ce dernier expliquait que les résultats étaient « très faibles, comparés à la rentabilité qu’on devrait attendre d’une entreprise commerciale ou industrielle ». « Les comptes s’équilibrent, certes, mais il y a encore des menaces de fond sur la survie de la compagnie. Mon objectif stratégique est justement d’arriver à atteindre un développement pérenne et stable. Et on est loin d’y être ».
Abdelhamid Addou va donc devoir relever un défi de taille, transformer l’essai de son prédécesseur. Pour ce dernier, le principal risque qui pèse toujours sur la RAM, est la concurrence « inéquitable » des compagnies européennes et du golfe (parfois placées dans des paradis fiscaux).
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Améliorer la qualité des services
En 2014, la Cour des comptes a mené une enquête auprès de la RAM pour vérifier si elle avait pris en compte les recommandations de la cour formulées en 2011, quelques mois avant la signature du contrat programme. Or, les sages remarquent que si les pertes de bagages sont moins fréquentes, la compagnie nationale est encore bien loin des objectifs établis par le contrat-programme. En 2013, le taux de performance était de 10,29 pour mille. Or, pour tenir ses engagements, la RAM doit arriver sous la barre des 7 pour mille.
Pour la ponctualité, à en croire les Tweets réguliers d’usagers, les performances de la RAM sont encore loin d’être parfaites. Mais d’après la Cour des comptes, le taux de ponctualité des vols était de 81,51 % en 2013, dépassant les objectifs fixés par le contrat programme (77 %). Les compagnies qui excellent en la matière affichent des taux au-dessus de 90 %, Abdelhamid Addou a donc encore de la marge.
@RAM_Maroc 3h de retard et 5h d'attente vol AT724 Casa-Strasbourg. Ni collation ni excuses ni explications. Adieu #Royalairmaroc
— Abla Alami-Uhl (@AblaAlami) January 18, 2016
La qualité du service est jugée déplorable par certains usagers. Au Québec, la compagnie marocaine a été condamnée à payer 27 000 dirhams d’indemnités pour avoir abandonné des passagers à l’aéroport. En décembre 2015, une vidéo de cafards rampant sur un chariot transportant de la nourriture lors d’un vol reliant Montréal à Casablanca a été publiée sur Internet.
En 2011, la Cour des comptes préconisait un renforcement du service contentieux mais en 2015, elle regrettait que « les actions engagées pour pallier le manque d’effectif au niveau de cette fonction a été limité par les départs. Ainsi, en 2014, l’effectif de l’entité contentieux s’est établi à sept contre cinq cadres et agents en 2010 ».
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Sélection des pilotes
La RAM a changé ses critères de recrutement des pilotes. Les prétendants doivent nécessairement être passés par une classe préparatoire. Certains Marocains passés par des écoles européennes sans avoir fait de prépa ne peuvent alors pas postuler (contrairement aux conditions imposées par RAM Express et Air Arabia).
Ceux là dénoncent le fait que la RAM ne respecte pas le protectionnisme national. Habituellement, les compagnies n’embauchent que des nationaux, mais la RAM, elle, vend des heures de co-pilotes à des étrangers, au lieu de proposer ces stages à des Marocains qui doivent valider leur formation pratique. « C’est à cause du corporatisme des pilotes actuels de la RAM qui mettent la pression sur la direction. Elle veut nous embaucher avec une indexation moins cher que ce qu’elle fait actuellement alors que les pilotes veulent bien sûr garder les mêmes grilles salariales », estime un jeune concerné. Dans une moindre mesure, Abdelhamid Addou va aussi faire face à la grogne de ces diplômés.
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