Qui sont les cinq kamikazes identifiés ?
Trois hommes se sont fait exploser aux alentours du Stade de France, pendant le match France-Allemagne. Parmi eux, Bilal Hadfi, un Français de 20 ans résidant en Belgique. Un passeport syrien au nom d’Ahmad Al Mohammad, 25 ans, né en Syrie, a été retrouvé près du corps d’un autre kamikaze.
Des interrogations demeurent sur cette opération. Pourquoi a-t-elle été déclenchée alors que les abords du stade étaient quasi déserts et pas après la rencontre, quand la foule sortait, ce qui aurait pu faire un carnage.
Dans la deuxième équipe, celle de la salle de concerts du Bataclan, trois assaillants sont morts au terme de l’assaut policier. Parmi eux, Samy Amimour, 28 ans, originaire de banlieue parisienne. L’homme était déjà mis en examen dans un dossier terroriste, après un projet de départ vers le Yémen. Parti en Syrie il y a deux ans, il était visé par un mandat d’arrêt international, ce qui pose une question: comment a-t-il pu rentrer en France sans éveiller de soupçons? Trois de ses proches sont en garde à vue.
Un autre membre du commando du Bataclan, un Français de 29 ans, Omar Ismaïl Mostefaï, a été identifié. Sept de ses proches restaient en garde à vue lundi.
Parmi la troisième équipe, qui a sans doute mené les fusillades de l’est parisien, Brahim Abdeslam, 31 ans, Français résidant aussi en Belgique, s’est fait exploser dans un restaurant du boulevard Voltaire. Pourquoi a-t-il déclenché sa ceinture loin d’une foule?
Dans la nuit de dimanche à lundi, des dizaines de perquisitions ont eu lieu dans 19 départements, notamment à Bobigny (Seine-Saint-Denis) où les enquêteurs se demandent si une partie du commando n’a pas transité.
Des attaques fomentées en Belgique ?
Brahim Abdeslam est l’un des trois frères résidant en Belgique qui intéressent les enquêteurs. Mohamed Abdeslam, d’abord placé en garde à vue, a été relâché. Salah Abdeslam, 26 ans, est visé par un mandat d’arrêt international mais n’a pas encore été arrêté malgré une importante opération de police lundi à Molenbeek. L’enquête se concentre sur cette commune bruxelloise, où ont séjourné plusieurs suspects des attentats de Paris et qui est considérée comme une plaque tournante des jihadistes en Europe. Deux personnes sont toujours en garde à vue en Belgique.
Quelle connexion syrienne ?
Les jihadistes partis en Syrie sont depuis 2012 la principale crainte des services antiterroristes. La France et la Belgique sont parmi les pays européens les plus concernés.
Samy Amimour avait séjourné en Syrie. Omar Mostefaï, fiché pour radicalisation en 2010, y a très vraisemblablement séjourné entre 2013 et 2014. Le même soupçon pèse sur Bilal Hadfi, selon une source proche de l’enquête. En sont-ils revenus avec des instructions? Quid des autres auteurs des attaques?
Quant au passeport syrien au nom d’Ahmad Al Mohammad retrouvé près d’un kamikaze, son authenticité reste à vérifier. Seule certitude, cet assaillant avait été contrôlé pas les autorités grecques début octobre, selon ses empreintes digitales. Sa trace avait été perdue en Croatie.
Sur la piste d’un commanditaire?
Les enquêteurs s’intéressent de près à Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans, déjà considéré comme le cerveau des attaques déjouées en janvier à Verviers en Belgique. « C’est une hypothèse sérieuse », confirme une source proche de l’enquête.
Soupçonné d’être un membre très actif du groupe jihadiste Etat islamique résidant en Syrie, l’homme, qui a aussi séjourné à Molenbeek, était en contact avec au moins un des frères Abdeslam.
Quelles complicités ?
Les auteurs des attaques bénéficiaient d’armes, dont trois kalachnikov retrouvées dimanche avec cinq chargeurs pleins et onze vides dans une Seat en banlieue parisienne.
Un artificier a forcément confectionné les ceintures d’explosifs. Figure-t-il parmi les morts? Des spécialistes, qui ne participent toutefois pas à l’enquête, en doutent.
Quelle coopération entre services européens?
C’est sans doute un des grands points faibles de l’antiterrorisme européen et il semble avoir été bien identifié par l’EI qui a récemment appelé ses militants en Europe à frapper des pays voisins du leur, où ils sont moins susceptibles d’être repérés.
L’enquête sur le carnage évité dans le train Thalys avait déjà montré des faiblesses dans ces échanges d’informations. Selon une source proche de l’enquête, Salah Abdeslam et Bilal Hadfi étaient dans les fichiers des Belges. Pourquoi n’ont-ils pas communiqué cette information à leurs voisins français? Des questions se posent aussi, désormais, sur le retour de Syrie d’Amimour.
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