Depuis le 24 août dernier, la Chine traverse une crise financière qui menace l’économie mondiale. Une raison d’inquiétude pour le Maroc ? Pas vraiment, à en croire Rachid Achachi, économiste et chercheur à l’université Ibn Tofail de Kenitra, qui estime que les répercussions de cette crise seront « probablement minimes et conjoncturelles ». Une affirmation que l’économiste justifie par le fait que » cette crise est principalement due à l’éclatement d’une bulle spéculative, ce qui souvent équivaut à un réajustement des prix nominaux des actifs financiers et à un retour à des niveaux de prix plus adéquats et plus représentatifs de la valeur réelle de ces derniers ».
Autre raison mentionnée par Rachid Achachi: le faible volume d’échanges entre le Maroc et l’Empire du Milieu. Citant le rapport provisoire de l’Office de changes sur le Commerce extérieur du Maroc en 2014, l’économiste rappelle que la part des importations marocaine de biens en provenance de Chine n’a représenté que 7,6% du total des importations marocaines, soit à peu près 3,6 milliards de dollars. La part des exportations de biens marocains à destination de la Chine n’ont quant à eux représenté que 1,1% du total des exportations. « Rien d’imposant», tranche l’économiste marocain.
Même son de cloche chez Jean Pierre Chauffour, l’économiste en charge des questions marocaines auprès de la Banque mondiale. Dans une interview accordée à l’Economiste dans son edition du 26 août , Chauffour annonce qu’« il ne faut pas s’attendre à un effet direct prononcé du ralentissement chinois sur le Maroc ». Il indique qu’en revanche l’effet risque d’être plus important de manière indirecte à cause « des déséquilibres économiques qu’il pourrait provoquer dans les pays développés » dont une bonne part est constituée des clients du Maroc.
Indice de la bourse de Casablanca affecté
De son côté, Rachid Achachi va plus loin en avançant que la chute du principal indice boursier de la Bourse de Casablanca (MASI) enregistrée la semaine dernière est liée à la crise financière de l’Empire du milieu.« En entraînant avec elle les principaux indices européens, la crise financière chinoise a également affecté négativement le MASI». Puisque, ajoute -t-il «les valeurs présentes dans les portefeuilles des fonds étrangers tels que (Attijariwafa Bank, BCP, Maroc Télécom,…) ont été partiellement affectées par effet de contagion ». Il reconnait tout de même que cette baisse de l’indice boursier de la Bourse de Casablanca est en partie liée aux récents déboires de la Samir qui a vu le cours de son titre suspendu et à la décélération du marché de l’immobilier.
Mais il a également tenu à rassurer sur cette situation. « Ce n’est que conjoncturel, on assistera à un retour à l’équilibre durant les prochaines semaines », indique-t-il.
Une importante réduction de la facture énergétique du Maroc
Il va même jusqu’à prévoir que la crise chinoise pourrait avoir quelques effets bénéfiques sur la réduction du déficit de la balance commerciale marocaine. « Cette crise avec les éventuelles faillites qui pourront s’en suivre, pourra en effet jouer un rôle de catalyseur dans ce ralentissement et dans la baisse des cours des hydrocarbures, ce qui de facto sera favorable au Maroc » nous explique-t-il.
Selon lui, le ralentissement de la croissance chinoise impliquera un net recul de l’activité industrielle chinoise, et par conséquent une baisse de la demande chinoise d’hydrocarbures, et donc la chute des cours. Cette chute « passera par une importante réduction de la facture énergétique avec un effet positif sur les réserves de changes du Maroc» qui représentent selon l’économiste marocain, « l’un des talons d’Achille de l’économie marocaine ».
Jean Pierre Chauffour de la Banque mondiale abonde dans le même sens, mais prévient contre la dépréciation de la devise chinoise et d’autres devises émergentes qui vont selon lui, « renforcer la compétitivité-prix de ces pays; mettant ainsi les produits marocains à un désavantage de prix sur les marchés tiers ».
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