Nigeria: une petite fille de 7 ans se fait exploser sur un marché

Une fillette a tué sept personnes en se faisant exploser dimanche 22 février dans le nord-est du Nigeria, un énième attentat de Boko Haram dont le président nigérian a reconnu avoir sous-estimé la capacité de nuisance.

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Une petite fille se fait exploser au marché de Potiskum
Une ambulance transportant les personnes blessées dans l'explosion à l'hôpital. Crédit : AFP

Boko Haram multiplie les opérations meurtrières au Nigeria, y compris des attentats-kamikazes visant des lieux bondés comme dimanche sur un marché de Potiskum, capitale économique de l’État de Yobe. D’après des témoins joints depuis Kano (nord), une fillette âgée d’environ 7 ans a actionné vers 13H30 locales (12H30 GMT) une ceinture d’explosifs qu’elle portait à la taille à Kasuwar Jagwal, un lieu dédié à la vente et la réparation de téléphones sur le marché, très fréquenté à cette heure de la journée. Cinq personnes ont été tuées et dix-neuf autres ont été blessées selon un premier bilan donné dans l’après-midi. Des sources médicales à l’hôpital public de Potiskum ont par la suite annoncé que deux des blessées ont succombé à leurs blessures.

Selon les témoins, la fillette avait été renvoyée quatre fois à l’entrée du site par des gardiens et membres de milices d’autodéfense qui l’avaient jugée suspecte, en raison de son âge. Les contrôles se sont faits plus stricts depuis un précédent attentat-suicide commis en janvier par deux filles d’environ 15 et 20 ans aux abords du même site, ayant fait six morts et 37 blessés. Finalement, la fillette est revenue par un autre côté, « elle s’est baissée pour franchir le cordage de sécurité, à une certaine distance de nous. Et c’est là qu’elle s’est fait exploser», a expliqué Buba Lawan, chef d’une milice locale d’autodéfense.

L’attaque-suicide n’avait pas été revendiquée mais, selon plusieurs observateurs, elle porte la signature de Boko Haram, qui a eu recours à plusieurs reprises à des femmes et fillettes pour ce type d’opérations.

Tandis que les pays voisins du Nigeria organisent la riposte militaire, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a précisément invité Abuja à s’engager « pleinement » contre le groupe islamiste, dimanche 22 février à Niamey au dernier jour d’une tournée l’ayant conduite au Tchad et au Cameroun. Depuis 2009, l’insurrection de Boko Haram et sa répression par les forces nigérianes ont fait plus de 13 000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria, essentiellement dans le nord-est du pays, où le groupe extrémiste s’est emparé de plusieurs localités et sème la terreur depuis six ans.

Boko Haram « sous-estimé »

Dans un entretien au journal privé local This Day diffusé dimanche, le président nigérian, candidat aux élections présidentielles, Goodluck Jonathan a reconnu avoir «sous-estimé» le groupe. «Probablement, au début de l’insurrection, nous avons sous-estimé les capacités de nuisance de Boko Haram», a -t-il déclaré. L’armée nigériane s’est dotée récemment de nouvelles armes et munitions pour la guerre contre Boko Haram, dont le chef, Abubakar Shekau, a juré dans une vidéo récente de faire échouer le processus des élections présidentielle et législatives du 28 mars au Nigeria.

Reprise du controle de la ville de Baga par l'armée nigerianne
Crédit : AFP

Le groupe terroriste a étendu ses attaques au Cameroun, Niger et Tchad, pays qui le combattent à leurs frontières, et même sur le sol nigérian  l’instar des troupes tchadiennes. Celles-ci ont repris récemment aux islamistes plusieurs localités comme Gamboru et Dikwa (nord-est), proches de la frontière camerounaise. Depuis 2009, les forces nigérianes ont échoué à endiguer l’expansion des insurgés, même si elles ont annoncé récemment avoir repris plusieurs villes à Boko Haram et tué des centaines de ses membres, à Monguno et Baga notamment où l’armée poursuivait dimanche ses opérations de ratissage.« Le bouclage et la fouille ainsi que les patrouilles dans les localités proches se poursuivent, tandis que l’offensive contre les terroristes progresse dans d’autres secteurs du nord-est », a annoncé dimanche soir le porte-parole du ministère nigérian de la Défense, Chris Olukolade.

Le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin ont annoncé le 7 février la mobilisation de 8.700 hommes dans une force multinationale anti-Boko Haram.« On n’est pas partis pour une guerre de 10 ans. Nous avons les forces qui sont déjà en place. Si ces forces peuvent être financées et équipées, je pense qu’on viendra à bout de Boko Haram assez rapidement », a estimé dimanche 22 février le président nigérien Mahamadou Issoufou.

Par Aminu Abubakar

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