La police danoise était muette dimanche 15 février sur l’identité de l’homme qu’elle a abattu et qu’elle estime être le seul auteur des deux attaques meurtrières à Copenhague, et les médias n’avançaient pas de piste.
Lors d’une conférence de presse dimanche en début de matinée, la police a uniquement précisé qu’elle avait localisé cet homme grâce à un appel d’un chauffeur de taxi décrivant un homme qui ressemblait à celui filmé par des caméras de vidéo-surveillance.
Avant l’aube, cet homme a ouvert le feu sur des policiers qui surveillaient un domicile dans le quartier populaire de Nørrebro où ils pensaient qu’il pourrait se rendre. En répliquant, ces policiers l’ont tué.
Un centre culturel et une synagogue visés
Dans la nuit de samedi à dimanche, la police avait affirmé ne pas être en mesure d’établir de lien formel entre les deux attaques de l’après-midi et de la nuit.
Lors de la première attaque, vers 15h00 GMT, un homme a criblé de balles un centre culturel où se tenait un débat sur l’islamisme et la liberté d’expression, faisant un mort dans l’assistance, un homme âgé de 55 ans, et blessant trois policiers.
Par la suite, des coups de feu ont retenti après minuit (23h00 GMT) près de la synagogue de Copenhague. Une personne a été mortellement blessée à la tête, un policier a été blessé à la jambe et un autre au bras.
Selon une association communautaire juive, le jeune homme tué était un juif qui surveillait les accès aux bâtiments pendant qu’une cérémonie avait lieu à l’intérieur. « La police était déjà sur place. Une personne est arrivée et a commencé à tirer« , a déclaré le porte-parole de la police, Allan Teddy Wadsworth-Hansen, précisant que la vie des policiers n’était pas en danger.
Les forces de l’ordre ont diffusé dans la soirée une photo, apparemment prise dans un parking, d’un homme vêtu d’une doudoune foncée et d’un bonnet ou d’une cagoule bordeaux, avec un signalement: 25 à 30 ans, environ 1,85 m, athlétique.
Des secteurs de la capitale danoise ont été bouclés mais « il ne s’agit pas d’un couvre-feu général. Les gens peuvent se déplacer dans Copenhague, en sécurité », a affirmé le porte-parole.
‘Acte terroriste’
Après la première fusillade, la chef du gouvernement danois, Helle Thorning-Schmidt, a dénoncé « un acte de violence cynique ». Il estime que « tout porte à croire que la fusillade (…) était un attentat politique et de ce fait un acte terroriste« .
Joint par l’AFP, l’ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, a décrit un assaut brutal sur le centre culturel, au sein duquel se trouvait notamment l’artiste et caricaturiste suédois Lars Vilks, qui a été l’objet de plusieurs menaces et d’agressions depuis la publication à l’été 2007 d’un dessin représentant le prophète Mahomet avec un corps de chien.
« Ils nous ont tiré dessus de l’extérieur. C’était la même intention que (l’attaque contre) Charlie Hebdo sauf qu’ils n’ont pas réussi à entrer« , a-t-il déclaré.
L’attaque par deux jihadistes français contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, le 7 janvier à Paris, avait fait 12 morts. Les assaillants avaient pénétré dans la salle de rédaction et y avaient ouvert le feu, avant de tuer un policier dans leur fuite.
« Intuitivement je dirais qu’il y a eu au moins 50 coups de feu, et les policiers ici nous disent 200. Des balles sont passées à travers les portes et tout le monde s’est jeté à terre« , a raconté l’ambassadeur.
Plusieurs dizaines de personnes assistaient au débat sous protection policière. Les vitres ont été criblées de nombreux impacts. Et la BBC a diffusé un enregistrement où on entend l’Ukrainienne Inna Shevchenko, du mouvement Femen, interrompue par des dizaines de coups de feu qui claquent sans répit.
Les services de renseignement (PET) ont indiqué que l’attaque était « planifiée ». Mais la police a estimé que la question de la ou des personnes spécifiquement visées n’était « pas évidente ».
« On se sent tous Danois ce soir », a déclaré à l’AFP un chroniqueur de Charlie Hebdo, Patrick Pelloux. « C’est affreux parce que c’est un mois après les attentats à Paris, cela fait ressortir toute la tristesse. »
Par Sören Billing avec Hugues Honoré à Stockholm
Les connexions saoudiennes ont été essentielles dans le développement des relations entre l’impérialisme américain et Al-Qaïda, ainsi que d’autres groupes fondamentalistes islamiques. Ces forces ont été mobilisées pour la première fois dans les années 1980 dans le cadre de la campagne de Carter et Reagan visant à renverser le régime afghan prosoviétique et favoriser la désintégration de l’URSS. Les moudjahidines – y compris Ben Laden – ont été armés et entraînés par la CIA, puis financés par l’Arabie saoudite. Plus récemment, ces forces ont été utilisées pour renverser le régime libyen de Mouammar Kadhafi et miner le gouvernement syrien du président Bashar al-Assad.