L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) est en réanimation. Il l’a toujours été et cela n’a rien à voir avec le gouvernement Benkirane. Quand Younès Maâmmar, l’enfant banni de l’ONE, répétait en 2006, à qui voulait l’entendre, que l’Office était dans le gouffre, des pros de la destruction de réputation se sont empressés de crier au scandale. La réalité est dure à accepter, surtout pour un bras de l’Etat qui excellait dans l’effet d’annonce. Construction de centrales à coups d’endettement, idem pour les subventions des intrants, pareil pour le fantasme de l’internationalisation…
Le cas de l’ONEE nous enseigne deux valeurs : l’humilité et la réalité des chiffres. Vu de près, le budget d’investissement de l’Etat est composé, dans sa grande majorité, des engagements des établissements publics. Des fois, si ce n’est presque toutes les fois, ces entités adoptent des bilans prévisionnels fragiles. A quelques exceptions près, dont l’OCP notamment, le recours à l’endettement déstabilise les structures financières à tel point que la Cour des comptes avait, par le passé, relevé le niveau surdimensionné des créances de l’une des entreprises publiques, Autoroutes du Maroc plus précisément. « Cela fait partie de la politique de développement du pays », dira-t-on. Faux ! Il s’agit plutôt d’un choix de politique de développement économique et social basée sur le mensonge. Chaque gouvernement en apporte son lot, brassant ainsi du vent et semant de la mauvaise graine, laissant aux gouvernements futurs une récolte pourrie en guise d’héritage. La solution ? Faire des choix loin de toute surenchère politique tout en se basant sur des projections réalistes. « Elémentaire », dira ce cher Holmes. « Pas si évident », dira le Marocain désabusé.