Le segment du logement social est en crise. C’est ce que révèle par voie de presse Nabil Benabdallah, ministre de l’Habitat. Ce dernier rappelle la persistance du déficit en logements malgré plus de dix ans d’avantages fiscaux et fonciers accordés aux promoteurs immobiliers. Et les méventes enregistrées depuis presque trois ans le poussent à conclure, certainement sans conviction, que le secteur est en saturation. Comment peut-il l’être alors que le déficit en logements dépasse les 600 000 unités ? Le problème du logement social réside davantage dans l’absence de régulation que dans le tassement de la demande. Manque de contrôle, non-respect des cahiers des charges, qualité douteuse des logements, absence d’infrastructures sociales sur les sites choisis, non-respect des délais de livraison… sont autant de facteurs qui ont fini par installer le doute. L’acquéreur préfère attendre ou se ruer sur des projets développés par des enseignes sérieuses, de préférence appartenant à l’Etat.
En résumé, le fond de la saturation ou de la stagnation se définit dans l’absence de l’Etat. Ce dernier, plus libéral que les disciples de l’école de Chicago, a trop laissé faire. Qu’un promoteur cherche le gain en plaidant pour des marges confortables est une attitude légitime. C’est dans l’ADN du capitalisme. Mais que l’Etat cède aux pressions des promoteurs sous prétexte de booster la production de logements, sociaux ou destinés à la classe moyenne, cela relève de l’échec de régulation. L’intelligence et la pertinence seraient que l’Etat et les promoteurs concluent un pacte de partenariat où tout le monde sera gagnant. à commencer par le consommateur, souvent oublié par des deals qui valent des milliards.