Les statistiques sur l’emploi déchaînent les passions. Une occasion en or pour fouetter, jusqu’à l’absurde, un gouvernement qui peine à tenir ses promesses. Il est clair que le bilan gouvernemental en matière économique est des plus médiocres. Sur ce registre, il ne fait pas mieux que ses prédécesseurs. Mais contrairement à eux, analystes et observateurs lui font porter le chapeau de décennies de gestion hasardeuse. Mais focalisons-nous sur l’emploi…
Les statistiques nous disaient souvent que les indicateurs du chômage ont toujours été supportés par deux secteurs d’activité : l’immobilier et l’agriculture. Quand le béton cartonnait, les indicateurs étaient au vert. A cette époque-là (au milieu des années 2000 surtout), l’idée de l’augmentation du SMIG n’émouvait presque personne (à part les textiliens). Pour l’immobilier, il était même admis que le salaire minimum de la main d’œuvre était déjà à 3000 DH dans certaines régions du royaume, notamment au nord et au centre sud du pays.
Idem pour l’agriculture. Maroc Vert ou pas, la masse de la population active grossit ou s’amincit suivant le taux de pluviométrie. Là aussi, le diplôme ou le niveau d’instruction ne compte pas. Ce qui importe, ce sont les chiffres ronds de la statistique qui évitent, intelligemment, de faire le distinguo entre travail décent ou précaire, saisonnier ou permanent, rémunéré ou gratuit… Quant à la fermeture d’usines, la tendance a commencé bien avant l’arrivée du gouvernement Benkirane. Elle a été favorisée, non pas par la conjoncture mais par l’encouragement d’une économie spéculative, surtout dans la pierre et la finance. La conjoncture n’a fait qu’accélérer les effets de cette mode. Cela dit, chacun peut toujours faire dire aux chiffres ce qu’il veut, nous sommes dans un pays libre… ou presque !