Avons-nous besoin d’un ministère de l’Emploi ? Et si c’est le cas, quel est son rôle ? Certes, il est unanimement admis que la composition gouvernementale est, sans l’ombre d’un doute, politique. Des départements se créent et disparaissent selon l’humeur ou la mode politique du moment. Mais l’emploi a toujours été une donne constante. Cela laisse croire à l’existence d’une politique de l’emploi établie de concert et déployée dans le temps. En réalité, il n’en est rien.
Le ministère de l’Emploi a toujours été davantage un département producteur de statistiques qu’une institution génératrice de stratégies porteuses. Au lieu d’être au centre d’une formation gouvernementale cohérente, il a toujours eu l’air d’un cadeau empoisonné que bien des sages ont refusé de prendre en charge. Et ils avaient raison. Un politicien aguerri évitera ce ministère comme la peste. La raison ? Le candidat au poste n’aura ni les moyens ni la matière grise nécessaire pour développer une politique pour l’emploi capable de résorber le stock des chômeurs, avec ou sans diplôme.
L’emploi dépasse la simple hiérarchie institutionnelle. Il est l’émanation d’un engagement volontariste, politique certes, mais foncièrement et définitivement économique. Un engagement qui doit transparaître dès les premières décisions d’une législature, pour signer avec force le choix irréversible d’offrir aux Marocains un travail décent, et donc le droit à une vie meilleure. Un engagement qui dépasse, et de loin, la stratégie des SPP (Show au Power Point) et embrasse, de près, les attentes de millions de Marocains. L’emploi est la raison d’être d’un gouvernement responsable. Sans lui, l’Exécutif n’est qu’un conseil de fonctionnaires sans intérêt pour la nation, un fardeau qui consomme plus